IRON AND WINE – Paris, Le Divan Du Monde, samedi 19 janvier 2008
Beaucoup de spectateurs auront quitté ce soir le Divan du Monde avec la frustrante sensation d’avoir assisté à un concert qu’ils auraient vraiment voulu aimer plus… La petite délégation POPnews présente ce soir-là (cinq rédacteurs au bas mot) n’est pas de cet avis. Sans concertation préalable.
Après une première partie bien sage où la charmante Eleni Mandell s’essaye entre autres aux reprises de George Brassens, notre vénérable barbu fait son apparition, accompagné d’une jeune fille timide qui ne décollera quasiment pas les mains de ses poches pendant la soirée (une source bien informée m’apprendra plus tard qu’il s’agit de Sara Beam, c’est un nom qui vous dit quelque chose ?).
Les premiers arpèges sont lancés et c’est le merveilleux "Trapeze Swinger" qui débute le set. Sam Beam, plus christique que jamais, envoûte d’emblée par sa voix douce collée sur une mélodie à la fois simplissime et désarmante. L’accompagnement est minimal (une guitare acoustique et quelques interventions de la chanteuse susnommée), l’effet y est inversement proportionnel. Voilà un concert qui commence donc comme il aurait pu s’achever. Par la suite, ce ne sont pas deux mais huit musiciens qui s’attelleront sur scène à donner aux chansons d’Iron and Wine une couleur définitivement plus jazzy, plus reggae même parfois (ou peut-être l’inverse) aux morceaux de Mister Beam. Cette profusion instrumentale a quelque chose de surprenant au vu de la relative sobriété des titres, mais la formule fonctionne pourtant bien. Tous les membres du groupe apportent leur pierre discrète et ponctuelle à un édifice qui se construit au fur et à mesure de la chanson. Sam Beam ne se contente plus de mettre en valeur sa voix et ses mélodies mais fait valoir ses droits d’excellent musicien.
Les titres s’enchaînent, souvent sans interruption, d’une façon tout à fait calculée. Sam Beam, quoique souriant, ne s’embarrasse pas de commentaires superflus et déroule le tout avec un professionnalisme irréprochable. Les interprétations apportent toutes quelque chose de nouveau aux versions des disques, sans toutefois brusquer les attentes de la foule et en alternant avec équité les extraits des trois albums en date. "Naked as we Came" en rappel aurait certes été une cerise sur le gâteau bien appréciée, mais qu’importe. A défaut, on quittera la salle avec l’agréable sensation d’avoir assisté à un spectacle maîtrisé de bout en bout, plein d’humilité, sans négliger pour autant une certaine prise de risque (celle de laisser quelques spectateurs sur le carreau en privilégiant de nombreuses variations instrumentales au duo gagnant mélodie/voix) et où le talent seul avait de quoi rivaliser avec la grâce.
Jean-Charles Dufeu
Photos par Guillaume Sautereau [autres photos]
A lire également, sur Iron and Wine :
la chronique de "The Sheperd’s Dog" (2007)