CENTENAIRE, MATT ELLIOTT – Paris, Le Café De La Danse, 27/05/2009
J’avais oublié, les concerts commencent tôt au Café de la Danse et on loupe Belone Quartet. La jeune fille à l’entrée ne manque pas de nous faire remarquer que c’était très bien.
Mais on ne loupe pas Centenaire, dont on fête aujourd’hui la sortie du deuxième et excellent album, "The Enemy".
Habitués des ambiances intimes – le groupe a commencé sa carrière scénique par de nombreux concerts d’appartement – les quatre larrons se tiennent au centre de la scène assez grande du Café de la Danse, entourés par leurs instruments, qu’ils échangeront au fil des morceaux. Subtile et habile, leur musique évoque de nobles références, comme Wyatt, Talk Talk ou la scène post-rock de Chicago. Entendons-nous bien, j’adore Centenaire. Sur disque. Là, sur scène, malgré quelques très bons moments, on a un peu l’impression d’assister à une répétition, à la prestation très scolaire d’excellents élèves, avec parfois un petit peu trop de retenue ou de calcul. Ça gâche un peu le plaisir. Mais écoutez Centenaire.
Honte sur moi, je n’avais pas eu l’occasion de voir Matt Elliott sur scène depuis des lustres, et il officiait alors encore sous les oripeaux drum’n’bass de sa Third Eye Foundation. Depuis, l’Anglais a opéré un saisissant virage, assimilant de manière incroyable les musiques dites "folkloriques" d’Europe du Sud ou de l’Est, au-delà des clichés et des poncifs. Le concert débute par le toujours étonnant morceau "La Mort de la France" et on craint un instant la reconduite immédiate à la frontière pour Elliott avant de se laisser aller à savourer cette jouissive litanie de "Sarko enculé" avec lui. Ce sera tout pour l’anecdotique. Plutôt que de simples cartes postales de Roumanie ou d’Espagne, ce sont de très personnelles lettres gravées à l’eau-forte que nous expédie Elliott, avec un mélange de douceur, de conviction et d’intensité qui laisse pantois. Usant de la technique maintenant courante de l’autosampling à partir de sa voix, de sa guitare et de quelques bribes d’électronique, Matt Elliott bâtit progressivement des édifices sonores et soniques. Sans en faire des tonnes, avec justesse et virtuosité. Génial. On en sort qu’à regret, au bout d’une trop courte heure : j’avais oublié, les concerts finissent tôt au Café de la Danse. Arf.
Guillaume
A lire également, sur Centenaire :
la chronique de « The Enemy" (2009)
l’interview (2007)
la chronique de « Centenaire" (2007)
A lire également, sur Matt Elliott :
la chronique de « Howling Songs" (2009)
la chronique de « Failing Songs" (2006)
la chronique de « Drinking Songs" (2005)