WAVVES – Paris, La Flèche D’Or, 22 Juillet 2010
Wavves était à la Flèche d’Or Jeudi dernier, pour son second concert parisien en goguette avec les ex musiciens de Jay Reatard, dans le cadre de la soirée Vans Music Stage. Pour leur second album « King of The Beach » produit par Dennis Herring (Modest Mouse), les trois compères ont soigneusement étoffé leur répertoire de mélodies pop bien senties. Et, chose inespérée, le fuzz façon Jesus & Mary Chain a été mis en retrait, ce qui a eu pour agréable effet de leur faire gagner en punch et en subtilité. A l’intérieur de la salle Les Demoiselles d’Honneur passent des disques en dj set. On remarque un public plutôt jeune, chamarré hip et fluo, qui attend le premier groupe en sirotant bière sur bière dans la cour pavée, ajustant lunettes et manches de sweatshirts en mode chill out à Coachella. Funky. Alors que Bonjour Afrique entame son set bruyamment, la voix du chanteur paraît étouffée par son acolyte batteur, dopé aux gimmicks africains. Certaines chansons renvoient directement à des 65daysofstatic ou dans une moindre mesure à Explosions In The Sky, et on préférera donc les montées instrumentales qui, à elles seules, rendent le groupe intéressant.
On passe au bar se prendre une bière en attendant Wavves, qui ne jouera pas avant 22 heures, comme l’ont bien compris tous les lycéens qui fleurissent au milieu de la fosse… Ça s’ébouriffe les cheveux, ça se tatane les uns les autres, et on commence à avoir envie de mettre des heures de colle, un peu comme à l’heure du goûter quand il y a bataille de nourriture. Les deux chevelus (Billy Hayes et Stephen Pope) entrent en scène comme dans une rhumerie à 4h00 du matin, balancent quelques insultes à qui mieux mieux en faisant mine de se dégager des longues mèches qui leur barrent la vue. Nathan Williams beugle dans son micro comme une otarie dans un vuvuzela, c’est-à-dire en comptant sur le bruit des vagues, ou du fuzz, pour arrondir les angles, et malgré l’énergie qu’ils dégagent, on commence à se dire que la crise d’ado est peut-être restée collée à leurs baskets, finalement. Si les morceaux du premier album comme « So Bored », « To The Dregs » ou « Beach Demon » remplissent le cahier des charges, on aurait voulu un peu plus d’implication pour ceux du second, surtout pour des titres, certes enfantins, mais aussi beaux que « When You Will Come », ou encore « Baseball Cards », qui ont été simplement massacrés en public. Les ados de tout à l’heure sont maintenant déchaînés, et font peu état de l’invitation de Billy Hayes à entrer en contact avec son prépuce. Mais mis à part pour « Post Acid », c’est une vraie déception, et l’évolution annoncée par « King of The Beach » a du mal à se ressentir en live. Le fuzz est omniprésent et pompe allègrement toute l’énergie déployée, directement passée à la lessiveuse en mode lavage-rinçage-séchage à 60°. On est d’autant plus déçus quand on apprend qu’il n’y aura pas de rappel, et qu’on voit Nathan Williams exploser sa guitare au sol. Petit con, je vous dis.
Julien Coquet
A lire également, sur Wavves :
la chronique de « Wavvves » (2009)