JOANNA NEWSOM – Le Rocher De Palmer, Cenon – 19 Janvier 2011
En ce mercredi de février, l’affiche que proposait le Rocher de Palmer avait de quoi mettre en émoi bien des amateurs de folk. L’Américaine Joanna Newsom venait en effet donner un concert dans le cadre de son retour en France pour promouvoir son magnifique album « Have One On Me« . Et c’est dans la salle de 650 places avec sièges que les spectateurs ont pris place, pour une magnifique escapade loin du quotidien.
Le premier guide vers cette évasion n’était autre que Ryan Francesconi, arrangeur en chef de la tête d’affiche. Pour être tout à fait franc, l’univers du musicien, seul à sa guitare, était pour le moins difficile à appréhender. Sur des structures… non, justement, il n’y en avait pas forcément beaucoup, les morceaux partant dans une direction, puis dans une autre : pas forcément facile de se laisser porter par ces longues plages instrumentales, parfois glaciales et désertiques, de rares fois plus animées. Il y avait bien une élégance non feinte qui ressortait, un classicisme un peu guindé qui attirait l’oreille, mais dans le même temps excluait un peu l’auditeur.
Ce ne fut pas le cas avec Joanna Newsom. D’une grande élégance, elle est venue s’installer directement à sa majestueuse harpe, le temps d’un « ’81 » somptueux, entrée délicatement envoûtante dans l’univers de la jeune femme, qui s’est mis ainsi immédiatement le public dans sa poche. Et si on la sent un peu timide (elle demande à ce que personne dans le public ne prenne de photos avec flash ou filme), elle est aussi très assurée quand il s’agit de se lancer dans ses morceaux au long cours, où elle et son groupe peignent avec bonheur un univers somptueux, où tout contribue à l’enchantement.
Parlons du groupe, d’ailleurs. D’une précision jamais prise à défaut, il comporte un batteur un brin illuminé (il semble parler à ses cymbales ! il a d’ailleurs assuré certaines premières parties sur la tournée), un tromboniste sobrement irréprochable, une section de violons où deux jeunes femmes complètent l’enrobage soyeux dont Ryan Francesconi est indéniablement le metteur en scène. En effet, il donne le tempo, n’hésite pas à changer d’instruments même pour quelques notes (un peu de banjo, un zeste de mandoline, guitare) et répond au besoin d’exactitude de la musique de Joanna Newsom. Et celle-ci, passant du piano à sa magnifique harpe, a apporté la touche ultime, sa voix, son charisme, son inspiration et sa vulnérabilité à la fois. « Soft As Chalk », « Easy », « Have One on Me » ou encore « Emily » ont formé une bulle qui a capturé les spectateurs, un aparté merveilleux fait d’arrangements graciles, de changements de directions tout en douceur. La jeune femme a comparé la salle à un vaisseau spatial : il y a des voyages que l’on est en tout cas heureux de faire, quand les accompagnants sont aussi doués. Un très grand moment !
Photos par Seb So-What
Merci à Aurélie du Rocher de Palmer