Le cas de The Pains of Being Pure at Heart divise pas mal au sein de notre rédaction. Toujours est-il que, leur second album « Belong » sous le bras, les sympathiques jeunes gens de Brooklyn ont arpenté les routes de France pour une tournée qui les a donc amenés du côté de Bordeaux (Bègles, pour être précis, à un gros jet de caillou de la capitale girondine), pour une affiche qui réunissait également les groupes Liquid Team et Victory Hall.
Ce dernier groupe, j’étais content de le revoir. A l’époque de leur disque, j’avais déjà été séduit par la qualité de leur pop lo-fi musclée, avec à ses commandes de vieux briscards de la scène bordelaise (avec Julien Pras en « tête d’affiche »). Et si l’absence de David Lespes à la seconde guitare enlève une petite couche d’épaisseur au groupe, la musique de Victory Hall a suffisamment de souffle, de coeur et de bonnes mélodies pour séduire, capter les auditeurs et même faire dodeliner / headbanger – oui oui – de la tête sur les meilleurs titres (« Herd of Fakes », « Go Back and Start », « Southern Miranda »). Et ce qu’on ressent aussi, c’est que le groupe prend plaisir à jouer ensemble. Il leur manque un peu de reconnaissance à mon sens, mais chaque présence est pour moi l’assurance d’un bon concert.
Liquid Team m’était en revanche inconnu. Trio énergique, oscillant quelque part entre Biffy Clyro, Foo Fighters et des groupes un peu moins sauvages, il a cependant eu un peu de mal pour s’imprégner notablement dans ma mémoire. Tout est là, sauf des titres forts, vraiment marquants et qui renversent. Mais une demi-heure après, c’est fini, et ce sera passé finalement sans trop de casse, ni trop de longueurs.
Lorsque les cinq membres de TPOBPAH montent sur scène, la salle est bien plus remplie qu’elle ne l’était en début de soirée. Devant un public qui mélange allègrement teenagers et trentenaires bien avancés, le groupe débute fort, jouant vite et avec beaucoup d’envie ses titres, en faisant la part belle au dernier album et à l’EP précédent (« Higher Than the Stars »). « Belong », « 103 » et « Heart in Your Heartbreak » font partie du brelan de titres qui ouvrent le concert, où la bonne humeur se mêle allègrement au son imposant des guitares, ce qui a comme inconvénient de pas mal rogner sur les plate-bandes de Peggy au clavier. Et si Kip est bien dans son rôle de guitariste, on le sent peu à l’aise dans le chant. La réponse viendra plus tard, mais son air un peu perdu lorsqu’il chantait venait apparemment d’un problème dans son retour, qui l’empêchait de s’entendre chanter, ce qui est probablement assez désagréable. Mais n’étant quoi qu’il arrive pas venu spécialement pour le chant, j’ai réussi à passer outre (même si honnêtement, je me suis posé des questions en entendant certains passages chantés très platement) et à me concentrer sur le cocktail pop légère voire naïve et le son très puissant, qui s’accomodait bien des mélodies, tant du dernier album (« My Terrible Friend », « Heaven’s Gonna Happen Now ») que du premier disque (« Contender », « Young Adult Friction », « Come Saturday »). Cinquante minutes plus tard, le traditionnel jeu du départ-rappel se tient et débouche sur un final « This Love Is Fucking Right », concluant dans les temps (minuit pile) cette bien agréable soirée, pop mais pas que, où les guitares ont eu plus que leur moment.