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Concerts

Berg Sans Nipple, Dom, Ariel Pink’s Haunted Graffiti à La Machine du Moulin Rouge, le 22 mai 2011

L’avantage de se rendre à un concert sans bien connaître l’affiche, c’est qu’on apprécie les groupes sans a priori. Le dimanche 22 mai à la Machine du Moulin Rouge, pour moi, c’est le concert du génial Ariel Pink et rien d’autre. Le beau temps, ce jour-là, implique un retard quasi inévitable au concert qui débute tôt, trop tôt.

Berg Sans Nipple

En arrivant dans la salle, deux musiciens sont déjà sur scène, un entouré d’un clavier et de machines, l’autre d’un clavier et d’une batterie. Visiblement, je ne suis pas trop tard, il y a une première partie. La musique jouée par le duo – Berg Sans Nipple me précise un spectateur – est à l’image de son look, indie et branchouille : coiffures soignées sur barbes bien taillées et chemises à carreaux se marient à merveille à l’electro pop tribale peu mélodique et pour tout dire un peu abrutissante martelée par le duo (merci Animal Collective pour cette « pop music » génératrice de céphalées de tensions). Enfin, sûr que le concert serait plus appréciable en fin de soirée avec un public plus enclin à remuer ses guiboles. Il est 20h30, les spectateurs de la Machine sont plutôt sages et, à vrai dire, assez épars.

Dom

La salle se remplit peu à peu pour l’arrivée d’Ariel Pink. Le garçon est bien comme je me l’étais imaginé (merci YouTube) : cheveux longs décolorés « Cobainiens », style vestimentaire légèrement kitchouille (tee-shirt XXL à l’effigie de Mickey). Tiens, bizarre, je ne vois pas de claviers sur scène… : un batteur, un bassiste, deux guitaristes. Le groupe commence et, en lieu et place de la glam pop rétro-futuriste attendue, c’est à une reformation des Pixies que j’assiste (les tubes en moins). Bizarre…
Ma collègue Maéva, croisée par hasard et venue prendre les belles photos qui illustrent cet article, me précise que le groupe emmené par le sosie d’Ariel Pink s’appelle en réalité Dom. Ok, il y a donc deux premières parties. Ou plutôt, une première et une deuxième partie. Une question me taraude : la troisième partie, ce sera bien Ariel ?

Ariel Pink

Pas de doutes possibles cette fois-ci. C’est bien le Haunted Graffiti qui s’apprête à faire son entrée, les deux claviers positionnés symétriquement de chaque côté de la scène en attestent. L’arrivée d’Ariel Pink et de son groupe ne se fera pas attendre. Confirmation, le garçon a bien des airs du chanteur de Dom (ou plutôt l’inverse) : cheveux longs décolorés « Cobainiens » donc (les longues racines brunes de cheveux en plus…) et style vestimentaire légèrement (largement) kitchouille (improbable chemisier rose ample « rentré » dans le jean slim).

Pas de temps mort dans la prestation du groupe de Los Angeles. Si les deux premiers titres ne semblent pas évoquer grand chose au public (maintenant très nombreux), dès le troisième, Ariel et sa bande s’attaquent à leur chef-d’oeuvre de pop tarabiscotée paru l’an dernier. Les pop songs purement jouissives sont interprétées dans le même ordre que dans l’album en question, quasiment sans pauses. Ariel danse constamment pendant qu’il chante ses morceaux, micro à la main, sans autre instrument qu’une console de mixage lui permettant de gérer lui-même le son dantesque de son impeccable backing band. Mouvements de tête incessants (sa longue chevelure mi-brune mi-blonde lui cachant par moments entièrement le visage de sorte qu’on se demande s’il ne nous tourne pas le dos), allées et venues en directions des deux claviéristes pour pianoter leurs instruments, chant allant tantôt chercher dans des graves sombres, tantôt dans des aigus lumineux, presque éblouissants – Ariel est décidément un sacré numéro. Osons la comparaison, une sorte de Michael Jackson, de Prince de l’undergroud. Pas si courant que ça dans l’indie pop – et Dieu sait qu’Ariel Pink a tout de l’artiste indie – de voir un chanteur prendre à partie le public en lui tendant le micro, comme dans la bonne vieille variété : « Vous connaissez les paroles ; allez-y, c’est à vous ! ». Et le public de reprendre en coeur, sur le génial « Round and Round » : « Hold on, I’m calling, calling back to the bowl / And we’ll dazzle them all, hold on… ».

Alors bien sûr, les fines bouchent diront que tout ça est un peu de mauvais goût, pas bien sérieux. Que la profusion de sons synthétiques et l’omniprésence du chanteur leur rappellent les pires heures de la pop commerciale des années 80 ou, bien pire, du prog rock de la décennie précédente. C’est vrai que sur certains morceaux (les plus longs, ceux que les admirateurs de « Before Today » ne connaissent pas forcément), on frôle l’indigestion – soli de guitare à la Van Halen, impros de clavier à la Joe Zawinul, cris de fous furieux dispensables par moments – mais qui d’autre qu’Ariel Pink, à travers ses excès, ses mélanges improbables d’influences musicales diverses nous transporte autant dans la pop music actuelle ? Qui ? Certainement pas ses amis d’Animal Collective.

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