Le trio américain Widowspeak m’était inconnu avant ce rendez-vous sur l’i.Boat, en ce premier (et pluvieux) samedi de décembre. Malheureusement pour le groupe, je ne suis visiblement pas le seul à ne pas les connaître, si l’on en juge par l’affluence réduite qui était présente devant eux, et quelques minutes avant devant le duo bordelais Dream Paradise.
Les deux (très) jeunes hommes s’affirment gentiment au fil des concerts. Cela faisait un an que je ne les avais pas vus, et leur maturité naissante accompagne à merveille ces jolies chansons, entre pop sixties et americana. Pas de batterie, juste deux voix et deux guitares, et roule jeunesse. Même si celle-ci manifeste une vraie tendresse pour le passé, c’est avec beaucoup de légèreté et de simplicité que l’ensemble séduit.
L’enchaînement avec Widowspeak laisse tout juste le temps d’une bière. Le trio se compose de Molly Hamilton (guitare et voix), Robert Earl Thomas à la guitare et Michael Stasiak à la batterie. Le charme que dégage leur musique est immédiat, vaporeux, un peu rugueux mais d’une grande élégance. Croisement entre les débuts de Cat Power, certaines ambiances de Beach House et le côté plus rock de Warpaint, le style de Widowspeak ne manque pas d’atouts, et les lumières tamisées contribuent à renforcer l’effet des chansons. L’exécution de ces mélodies blafardes est irréprochable, certaines parties de guitare vraiment superbes (« Gun Shy », « Harsh Realm »), les accélérations pop très catchy, et la voix de Molly a ce petit côté venimeux charmant. En quarante minutes, Widowspeak a confirmé les premiers espoirs nés de son bel album, et la seule chose qu’on peut souhaiter au groupe, c’est que sa prochaine venue soit couronnée de succès, il le mérite.