Difficile de se garer aux abords du fameux Rocher, le tramway n’ayant visiblement transporté tout le monde. Je tourne, je tourne, abandonne ma brave voiture et réalise qu’il y a beaucoup de monde, mais vraiment beaucoup. Et que je semble vieux, au milieu de tous ces jeunes (lycéens, ou tout au plus en première année de fac, ce qui ne me rajeunit guère). Et en plus, Brad Mehldau joue au même endroit (dans une autre salle du complexe). Bon, je prends mon mal en patience et me mêle à cette foule déjà très lookée.
La salle de 1200 places est déjà bien remplie alors que je me dirige vers la fose aux photographes… bon, ben à laquelle je n’aurai pas accès. Donc si vous aimez les profils gauche, vous allez être servis. C’est donc Porcelain Raft qui ouvre le bal. Et là, déception, mais genre, grosse déception. J’aime beaucoup ce « Strange Weekend« , ce disque joliment ampoulé, qui avait comme ambition de faire se dandiner mollement avec du vague à l’âme. Mais là, j’ai plutôt l’impression que Mauro Remiddi a eu une nouvelle collection de jouets qui font du bruit pour Noël : son bêtement trop fort, une boîte à rythmes assommante, et l’impression que cet avion pataud n’arrivera jamais à décoller. Je suis tristesse.
(Autant tuer le suspense de suite) M83 n’a pas eu les mêmes problèmes, loin s’en faut. M83, c’est plutôt la puissance du 747 qui décolle du sol en emportant tout sur son passage, c’est la grosse armada. Lumières excessives, mur du son qui nettoie au plus profond des oreilles, jeu de scène qui oscille entre poses de guitar hero et transe collective. Bref, c’est le grand show à l’américaine, quelque part entre la musique pour la mi-temps du Super Bowl et la grande scène du Coachella, un spectacle total. J’en viens à penser qu’il ne reste plus à Anthony Gonzalez qu’à écrire une chanson pour Madonna, et que l’ensemble ferait un carton. La foule du Rocher de Palmer est réjouie, et si l’on sent que l’attente de « Midnight City » est immense (alors que l’interprétation fut assez en deça de ce que ça aurait du donner, avec en plus le passage au sax absent !), les jeunes gens s’enthousiasment à chaque passage qui s’apparente à un espèce de passage électro, genre house, ou comme a cru entendre perfidement un ami « à un moment, ça m’a rappelé Supercopter ». Mais pour en revenir à M83, il m’a été difficile d’en retirer quelque chose : j’en ai pris plein les mirettes certes, mais j’ai eu l’impression de n’avoir eu que peu de chansons, celles-ci ayant été noyées sous les effets, malgré quelques beaux passages (« Wait » par exemple). La grandiloquence de « Hurry Up, We’re Dreaming« , déjà difficile à avaler d’une traite, a été confirmée sur scène : moi, je suis un peu resté sur le carreau, un peu groggy, un peu assommé.