Un an pour une salle de concerts, c’est forcément une date qu’il faut célébrer. Surtout que l’i.Boat, en fait bien plus qu’une salle de concerts (clubs, bar, restaurant…) a su intelligemment faire son trou dans le micrcosme bordelais. Si l’on vous a souvent relaté les concerts qui y avaient lieu, c’est parce qu’il y a déjà eu beaucoup de beau monde dans la cale du bateau. Et si le futur s’annonce lui aussi séduisant, coup de focus sur les soirs où les bougies et le gâteau étaient de rigueur !
Jeudi 27/09 – Bertrand Burgalat & AS Dragon
Il y a du monde, voire même un joyeux bordel autour du bar. Dur de s’approcher, dur d’arriver à se faire servir une bière : il ne fait pas chaud, mais tout le monde a soif pareil. De toute façon, il va falloir descendre, et plus tôt que tard.
Devant, les premiers rangs regroupent une bonne partie de la création artistique bordelaise. Une foule qui n’en peut plus quand arrive le goguenard Bertrand Burgalat, suivi de sa machine de guerre AS Dragon. Et je sens que la salle est instantanément sous le charme du bonhomme, que l’on soit fan ou juste un curieux éclairé. Il est là, dans le sens vraiment LA. Il a son clavier, pas mal de gouaille et de bonne humeur, et surtout, une ribambelle de chansons pop à déguster sans fin.
Pendant une heure et quart environ, dans une chaleur torride, Bertrand Burgalat s’amuse. Avec son public, avec ses chansons. Mais ce n’est pas si frivole que ça en a l’air, même si la mélancolie qui affleure parfois est rapidement balayée par une dédramatisation qui veut dire « après tout, c’est pas si grave ». Alors tout le monde danse, gigote, dodeline. C’est bien, c’est frais et intemporel. De « Toutes directions », nous aurons beaucoup (« Bardot’s Dance » deux fois, car il le fallait pour satisfaire le public, « Voyage sans retour », « Très grand tourisme », « Sentinelle mathématique »), du reste aussi, même si la setlist idéale aurait fait des pages. Il faudra picorer de-ci de-là (« Gris métal », « Nous étions heureux »), mais qu’importe, dans la bulle pop qu’a créée Burgalat, rien ne se périme, rien ne vieillit. A l’image de son style improbable de dandy adolescent au sourire à moitié dissimulé derrière ses grandes lunettes, il exhale de ce personnage et de cette prestation une jeunesse, un idéal pop et superbement léger, qui donne envie que jamais le concert ne s’arrête. Peter Pan de la pop, Burgalat a fait rajeunir toute une salle : chapeau bas l’Artiste.
Vendredi 28/09 – Soirée Iceberg
L’i.Boat remettait le couvert dès le lendemain, avec une soirée électro avec Para One et Busy P, mais avant cela un focus sur le collectif Iceberg, qui sera à l’honneur lors des prochaines Transmusicales.
Avant le concert, ça fourmille, je croise des têtes connues de la scène locale, tout le monde ou presque vient voir jouer les potes qui ont une soirée rien que pour eux. Le premier à s’élancer n’est autre que Nunna Daul Isunyi, oui oui. Vous pouvez l’appeler Sylvain s’il vous est introduit, c’est plus simple, sinon votre orthophoniste vous félicitera pour votre audace. Il est seul sur scène, notre Sylvain, il a une guitare, et ça suffit. Tout ce qu’il fait semble bringuebalant, mais il se dégage un vrai charme de ses chansons. Je ne sais pas d’où il vient, ce charme : sans doute à parts égales du son cru de la guitare, de la voix étrangement placée, du personnage en général. Mais c’est bien ainsi. Vraiment bien.
La suite, après un intermède que je n’ai pas saisi (un ampli maltraité), Lonely Walk commence. J’avais vu le groupe il y a quelques mois, mais là, ce que j’ai sous les yeux n’est pas le même groupe. Enfin, si, mais si peu : tout y est mieux, ambiances, rythmiques avec une basse qui chatouille les tripes en remontant par les jambes, le chant (par Mickaël des Crane Angels) semble mieux se fondre dans les chansons. De ce mélange saturé émergent de bonnes chansons, entre esthétique goth et froideur cold. Bon, mettez pas ça à votre mariage, mais ça marche très bien pour toutes les autres occasions (ou presque).
Mais bon, faut pas déconner, c’est Petit fantôme qui doit jouer, et je n’ai aucune peine à imaginer les gens de l’i.Boat en train de faire comme dans Fort Boyard (oui, bon…) : « La clepsydre, sors !!! ». Donc, Petit Fantôme a une demi-heure. Frustration pour moi, donc je profite un maximum : « Partons tout droit », « Brooklyn Banks », « Yallah » sont là, c’est toujours aussi pimpant, décalé, je ne sais trop comment le décrire. Mais le groupe dégage une belle impression d’ensemble, avec Botibol d’un côté, Frànçois de l’autre, et le côté lo-fi et joyeusement régressif des chansons me donne toujours le même plaisir. Même si je n’aurai pas eu « Tahiti » (quand même, trois minutes, on aurait pu leur accorder, non ?), Petit Fantôme, c’est toujours cool et ça donne envie de lutter contre tous ceux qui traquent les fantômes : vade retro Pacman et autres Ghostbusters, Petit fantôme sur son Iceberg est intouchable !