Le Café de la Danse se remplit timidement lorsque les quatre frimousses pouponnes de Bwani Junction attaquent leur pop aux accents africains, avec des riffs de guitare rappelant furieusement Vampire Weekend. Il semble bien que Brooklyn ait infusé jusqu’à Edinburgh. Il n’y a donc rien de bien désarçonnant, mais l’énergie et la foi y sont, avec quelques harmonies en touche plus personnelle et britannique. Pour qui comprend l’écossais, le chanteur assure les intermèdes de manière enjouée, et sans doute sympathique. En prime, histoire quand même de mettre une note celtique, une cover du « Dirty Old Town » des Pogues qui digresse un peu, mais fonctionne quand même pour réchauffer l’atmosphère.
Question température, ça monte d’un cran cependant (d’autant que les travées se sont remplies) avec l’arrivée de Yeti Lane, en quelque sorte les vétérans de la soirée. Adossé à leur inusable « The Echo Show », leur set manifestement bien en place n’a aucun mal à conquérir l’assistance. Démarrant sur une longue intro, plutôt atmosphérique, avant de rentrer dans le dur sur justement la chanson titre, épique à souhait. On retrouve ensuite les couleurs de l’album, soit une palette assez large entre shoegazing et Grandaddy vitaminé, qui trouve toute sa mesure en live, donc pas vraiment le temps de s’ennuyer. Si c’était vraiment une surprise, on aurait dit qu’elle était bonne. Mais cela ne confirme que ce que l’on sait déjà, à savoir qu’on tient là un des beaux fleurons de la scène indie hexagonale. Allez, pour mégoter un peu, j’aurais personnellement apprécié d’entendre la voix plus en avant, mais bon, c’est vraiment histoire de dire.
En tout cas, au pied de la scène, la performance a visiblement été appréciée à sa juste valeur par Colin Caulfield, leader de Young Man. Ajoutant sans doute un surcroît de motivation à une volonté de figurer le mieux possible à Paris, ville qui a accompagné l’essor de sa carrière. Il nous confiait peu auparavant avoir le sentiment d’avoir beaucoup progressé sur scène avec ses musiciens, et le fait est qu’il voyait juste. Ils semblent portés par un véritable appétit de jouer, avec une volonté de faire évoluer les morceaux pour les amener ailleurs, on ne sait pas trop où, mais souvent à des altitudes plus élevées. C’est particulièrement vrai pour « Thoughts » et « Do », et un « Fate » de très haute tenue, qui recueillera les vivats de la foule. « 21 », joué en rappel, sera par contre plus conforme à l’original (qui il est vrai vole déjà pas mal haut). On manque bien sûr de référence pour les quelques nouveaux titres. Mais, sur l’un deux, ça n’empêchera pas Colin, malgré des apparences frêles et timides, de finir à genoux devant l’ampli dans une attitude de guitar-hero . Signe d’une aisance, qui ajoutée à l’envie, emporte évidemment la mise (on aurait juste aimé que ça dure un peu plus longtemps). C’est apparemment ravi que le groupe quittera la scène (mais nous aussi, on a passé une bonne soirée).