Mathieu Boogaerts en concert solo, ou comment aller à l’essentiel.
La mise en place d’avant concert se fait en quelques minutes (voire secondes) : un micro voix, un ampli de la taille d’un (petit) pack de bières, une pédale d’effet, un micro de surface posé au sol pour battre le rythme avec le pied… Le tout pouvant être aisément transporté par un chanteur seul se déplaçant en train. Mathieu Boogaerts entre ensuite sur scène avec sa sempiternelle et magnifique Télécaster noire qu’il branche, et c’est parti… Enfin presque…
Presque, parce que Mathieu Boogaerts, seul sur scène, ne va pas entamer son set et enchaîner les chansons froidement. Avant de commencer, il nous raconte comment va se passer la soirée : alternance de nouveaux titres (ceux du dernier album, et ceux qu’il n’a pas retenus pour ce dernier album) et d’anciens (piochés dans les cinq albums précédents). Il conseille aux gens dans la salle de se mettre à l’aise (assis ou debout, comme ils l’entendent), et à ceux au bar de se taire (ce qu’ils feront peu de temps après), le tout sur un ton joyeux et plaisant, les yeux tantôt vers le public qu’il conquiert peu à peu, tantôt vers la lune que lui seul doit pouvoir voir à travers le plafond de la salle des Passagers du Zinc.
Une fois le « décor » planté, il commence par « Sylvia », une des chansons de « Mathieu Boogaerts« , son dernier album, que nous avons beaucoup aimé ici. Puis il enchaine, comme annoncé, avec une ancienne chanson, puis une nouvelle, etc… Le choix des titres ne doit à coup sûr, rien au hasard : de « Bien » à « Bon voyage » en passant par « Le ciment » (version reggae), « Siliguri » (dont j’ai enfin compris le sens grâce aux explication données par Boogaerts), ou « All I Wanna Do », on fait, l’air de rien, un doux voyage dans sa discographie. Et il s’agit bien d’un voyage. Une ballade guidée par Mathieu Boogaerts lui même (qui raconte une petite histoire avant presque chaque chanson, fait rire, danse avec sa jambe gauche, etc.) une délicieuse promenade qui confirme la cohérence de l’ensemble de sa carrière : aucun de ses six albums ne se ressemblent, pourtant, sur scène, les chansons écrites il y a plus de 18 ans s’assemblent à merveille aux toutes nouvelles (comme l’inédit « Qu’est ce qui va pas ? »).
Le public ne s’y trompe pas : les moins attentifs (ceux qui discutaient au bar au début) se font happer par sa prestation. Les fans du premier rang prennent l’initiative d’ajouter des chœurs là où Boogaerts (en solo) ne peut le faire, ou chantent carrément les refrains (Boogaerts semble exulter pendant ces moments où il laisse le public chanter)… Le public en entier s’implique complètement, réagissant au doigt et à l’œil pour chanter (parfois juste des NON sur « Paloma »)… Que des truc « participatifs » que je déteste généralement dans les concerts, mais que j’ai adoré voir et entendre ce soir là.
Aller à l’essentiel : chanter en solo avec un minimum de matériel et tenir une salle en haleine pendant plus d’une heure, Mathieu Boogaerts sait le faire avec enchantement. Et il n’y a qu’une bonne raison qui fait que ça fonctionne aussi bien, c’est que chacune de ses compositions, amusante, faussement naïve, ou doucement dépressive, est un véritable bijou. Ce minimalisme voulu sied à merveille à Mathieu Boogaerts et à ces chansons qui n’ont finalement besoin de rien de plus.