C’est le jour du printemps. Des groupes d’étudiants sont assis en cercle sur l’herbe, sirotant des bières et des mélanges de vodka-soda aux abords du Rocher Palmer. Un nom circule de bouche en bouche : « Nicolas Jaar ». Il est 19 h 45… Les premiers entrés sont assis contre les grilles. Il faut voir l’enfant prodige de près.
Une heure plus tard, un type longiligne monte sur scène. Il porte un pantalon de cosmonaute chromé. High Water vit seul avec ses machines. Il saisit un saxophone, sample une dizaine de boucles, enchaîne sur un beat lancinant et des nappes d' »orgammon ». Il a la voix de Billy Corgan. Il chante qu’il a changé la serrure de sa porte, le code pin de son téléphone, le nom d’une ville à cause d’une femme. Will Epstein joue un mini live elctro-jazz hyper mélancolique. L’auditoire applaudit mais est loin d’être conquis.
22 h… Le public s’impatiente, tape du pied.
L’ombre de Dave Harrington et de sa grande carcasse se place dos à la foule, face à son clavier tandis que Nicolas Jaar apparaît de profil. La salle explose. Les premiers beats ne tardent pas à claquer. L’attente fut longue, ils nous épargnent une introduction obsédante. Les têtes se balancent déjà d’avant en arrière dans un mouvement à la Flat Eric, la peluche de Mr. Oizo.
« Freak, Go home ».
Darkside, c’est un peu comme si la house de Chicago et la minimale berlinoise avaient rencontré le blues de Mark Knopfler et le rock psychédélique des Pink Floyd. Ils nous emmènent danser sur les pistes sombres du Berghain, nous font fermer les yeux, planer, pour mieux nous relancer et nous transporter dans leur univers aussi underground que sexy.
Pendant près d’une heure, les deux compères nous balancent un set à la fois fin et puissant, teinté de variations de tempo millimétrées. Les riffs de guitare endiablés et le jeu de boîte à boucles de l’un complètent parfaitement les basses, les drums et la voix de l’autre. Ajoutez à cela une excellente présence scénique et une attitude de pro, ça vous donne un public qui hurle de plaisir à chaque transition.
Ils s’échappent dans un premier temps pour un rappel organisé puis nous achèvent par une détonation de timbré. Il suffit de lire l’expression des visages qui se dirigent vers la sortie pour comprendre que les Darkside ont mis tout le monde d’accord. J’aurais aimé en entendre d’avantage, j’aurais aimé ne pas attendre autant, mais au moins maintenant je peux les rayer de ma « bucket-list » (liste des choses à faire absolument).
Pour les amateurs dans le Sud-Ouest, le duo se produira à nouveau le 28 juin prochain à Marmande, sur la grande scène du festival Garorock. En attendant d’aller voir Darkside, vous pouvez consommer leur dernier album, Psychic, sans modération.