Il n’y a pas foule au moment d’entrer dans la salle, pourtant il fait bon, il fait beau, l’affiche est séduisante, mais c’est bien devant une trentaine de personnes que le brésilien Rodrigo Amarante entame son set.
Les absents ont toujours tort, formule éculée, mais ô combien justifiée à l’écoute de ces 50 minutes (je crois) de concert. Il est seul, il a juste sa guitare, son sourire, et un talent étincelant. Car sans ça, il n’aurait probablement pas écrit ces petites merveilles qu’il distille le plus simplement du monde, en alternant entre le français, le portugais et l’anglais. A chaque fois, il y a la dose juste d’émotion, d’atmosphère indéfinissable (entre un jardin d’hiver accueillant et une escapade en voiture sur la côte brésilienne), et c’est surtout incroyablement apaisant.
Même si le concert est forcément très dépouillé, on ne s’ennuie pas une seule seconde. On en oublierait presque où l’on est, puisque l’on est avec Rodrigo Amarante, que l’on ne voit que lui et que l’on est pendu à sa voix caressante et à sa guitare qui ne l’est pas moins. La fin du set, devant un public qui s’est étoffé au fil des minutes, ne dissipe pas instantanément l’atmosphère bien chaleureuse qui s’était installée dans le Krakatoa.
La foule est donc plus dense quand arrive, d’abord son groupe, puis Angel Olsen elle-même. Avec un pull en polaire. Qui annonce, d’une voix blanche “This is going different tonight. I’m really sick, I don’t know if I can sing many songs. I’ll try”. Maintenant, j’y repense : elle ressemblait vraiment à Aubrey Plaza, l’actrice américaine de la série « Parks and Recreations ». On voit qu’elle ne ment pas, elle a les yeux brillants de quelqu’un qui a une sacrée fièvre. Bon, bizarrement, c’est son groupe que je trouve groggy, elle est quant à elle dans son rôle. Elle est à la fois absente et présente, parle presque toute seule entre les morceaux, nous pose des questions qui restent sans réponses. Plus fragiles, moins habitées, les chansons ne perdent pas au change pour autant, car la tristesse qui en émane n’en est que plus belle. La setlist se déroule, avec des classiques (ou en passe de le devenir), comme “Free”, “I’m a Stranger Here” (qui semble très approprié ce soir-là), ou encore le final qui a compris “Unfucktheworld”. Elle est partie, après un dernier titre toute seule dans la lumière, l’air profondément fatiguée. Les lumières se sont rallumées, après 5 minutes d’acclamation méritées pour la malade d’un soir, qui, les yeux brillants et l’esprit ailleurs, a su séduire son auditoire.