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Concerts

The Brian Jonestown Massacre – Trianon, Paris, 27 juin 2016

BJM

J’aurais bien aimé vous parler du concert des Limiñanas, qui assuraient la première partie des Américains (sans doute à leur demande, c’est leur groupe français préféré). Malheureusement, celui-ci a commencé à 19h30 (alors que le match Italie-Espagne n’était même pas terminé), et je ne suis arrivé que pour les dernières minutes, qui étaient impressionnantes. Je tâcherai de revoir les Catalans yéyé-garage le 29 septembre à la Cigale (avec Pascal Comelade et d’autres invités), pour ce qui devrait être une consécration aussi tardive que méritée.

Si les Limiñanas avaient commencé si tôt, c’est parce qu’Anton Newcombe avait décidé de faire long : deux heures d’un seul tenant (pas de rappel). Deux heures quand, comme moi, on est là un peu par hasard, qu’on n’a pas dû écouter plus d’une paire d’albums de la profuse et touffue discographie du groupe (et qu’on n’en a pas retenu grand-chose) et qu’on se retrouve cerné de fans qui connaissent certains morceaux par cœur, ça peut faire long. Pourtant, si ce concert ne m’a pas fait passer d’un coup du statut de quasi-néophyte à celui de fan hardcore, je ne suis pas non plus resté extérieur à ce psyché-garage pas fondamentalement original, mais très bien exécuté. Jouant une bonne vingtaine (voire une trentaine) de morceaux, le Brian Jonestown Massacre a semble-t-il revisité l’ensemble de sa carrière, mais je n’ai pas senti de grandes différences entre anciens et nouveaux titres (peut-être aussi parce que les arrangements sont plus basiques en version live). J’ai eu l’impression d’écouter deux types de chansons – les lentes et les un peu moins lentes –, ressemblant à d’habiles démarquages des Seeds, des 13th Floor Elevators ou des groupes de Haight Ashbury circa 67, interprétées par un groupe Shoegaze fan des Cure. Rien de révolutionnaire, donc, mais franchement, il y a pire. Il y avait une ambiance, et il y avait de l’ambiance.

Sur scène, ils sont six, avec une belle collection de guitares (trois sur la plupart des morceaux), dont des douze-cordes. Newcombe est à gauche, planqué derrière ses lunettes noires, le centre de la scène étant comme toujours occupé par le membre du groupe le plus charismatique : le sévèrement rouflaqué Joel Gion, qui depuis l’origine joue uniquement du tambourin (et parfois des maracas) avec une gestuelle indéniablement classe. Un peu le Bez du BJM, donc, en un peu moins stone. On peut quand même se demander pourquoi cette formation dont les membres ne sont pas de la première jeunesse et dont la musique n’est pas très au fait des nouvelles tendances attire un public qui semble pour l’essentiel âgé de 20 à 30 ans. Son aura sulfureuse, peut-être, même si Newcombe semble d’être un peu calmé depuis l’époque du film “Dig!” ? Pas question pour le public de faire n’importe quoi, d’ailleurs : un spectateur monté sur scène se fera prestement dégager d’un coup de latte dans le dos par un roadie avant même d’avoir pu faire son stage diving. On se contente de slammer, donc, et vu du deuxième balcon où j’ai fini par monter pour éviter les jets de bière, c’est assez beau. Alors que je ne lui ai rien demandé, le type à ma gauche, plutôt dans la cinquantaine, un peu bourré, s’adresse à moi avec un accent anglo-saxon : « C’est fabiouleux, ce gwoupe… On a l’impression qu’ils font n’importe quoi, mais ils peuvent t’emmener très loin. » Démonstration quelques minutes plus tard avec l’ultime long morceau, “Yeah Yeah”, poussé dans ses ultimes retranchements soniques.

120 minutes, donc, comme le titre de cette émission de clips « alternative rock » que diffusait MTV au début des années 90, alors que le BJM enregistrait ses premiers singles (compter au moins 200 € sur Discogs…). Et que personne – sauf peut-être Anton Newcombe, dans ses moments de lucidité – n’imaginait qu’il remplirait une salle parisienne 25 ans plus tard.

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