C’est une petite centaine de spectateurs qui se tient devant Alex Cameron, lui qui a connu le succès tardif dans notre contrée. Si “Jumping the Shark” n’est plus très récent quand il monte sur scène, il serait bien dommage de bouder son plaisir devant ce quatuor bizarrement fagoté (une chemise hawaïenne, un jean presque taille haute pour Alex) mais qui a enchaîné sans faiblir les tubes. Un coup de sax, une voix et un leader ultra charismatique, qui se dandine de manière unique du haut de son mètre 90, quelques inédits (dont “Candy May”, titre envoyé en éclaireur pour le prochain album), et des chansons qui prennent une ampleur dingue en live (“The Comeback”, “Happy Ending”). Bref, tout ça donne une entrée en matière proprement remarquable, et ce parfum de pop 80’s est assurément délicieux.
La pause permet de mettre un peu à distance ce beau moment, car la suite promet un sacré changement. Angel Olsen arrive avec derrière elle un troisième album qui sonne comme une consécration : “My Woman” a indéniablement fait basculer la jeune femme dans la catégorie des grandes songwriters US. Elle ne va pas manquer de faire honneur à cette réputation naissante : entourée d’un groupe impeccable, à la distance soigneusement étudiée, elle a charmé tout en restant entière, tour à tour mutine, pleine d’assurance et souvent inaccessible.
Il y eut presque deux temps dans ce concert : une entrée en matière un peu sur la défensive, un “Shut Up Kiss Me” un peu expédié après une belle entrée en matière (“Heart Shaped Face” suivi de “High & Wild”). Puis Angel Olsen va commencer à parler avec le public, le groupe va prendre ses marques malgré la fatigue qui commence à poindre après un grand nombre de dates en Europe, et “Not Gonna Kill You” dans une version incendiaire va faire basculer les curseurs. La songwriter ne va jamais faire retomber l’intensité d’un set qui connaîtra son lot de grands moments (“Sister”, “Woman”), autant de morceaux exécutés de main de maître(sse), à la fois dans l’émotion et les amplis chauffés à blanc. On ressort de ce set encore un peu plus conquis par Angel Olsen, qui à tout juste la trentaine gagne ses galons de grande dame du folk-rock made in US : bravo !