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Dynamite Shakers : « Le truc qu’on aime par-dessus tout, c’est jouer sur scène »

Originaires de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée, les jeunes gens des Dynamite Shakers ont, depuis leurs débuts en 2019, enchaîné les concerts afin de sans cesse s’améliorer et aussi de se faire connaître. Vu la qualité croissante de leurs prestations, ils ne pouvaient que se faire remarquer et logiquement arriver à l’enregistrement d’un premier album. Celui-ci intitulé “Don’t Be Boring”, sorti en mars de cette année, a révélé un rock garage solide, racé, au travers de compostions exemptes de tout superflu, où les quatre vingtenaires ont pu exprimer leur fougue juvénile avec leurs riffs ravageurs, vecteurs de frissons parcourant inévitablement l’échine. Une vraie cure de jouvence pour un rock’n’roll qui n’est toujours pas décidé à disparaître. Afin de mieux connaître ce petit phénomène, il était donc nécessaire de les rencontrer. Cela a pu se faire à la fin du mois de novembre, à l’occasion d’un concert du groupe à l’Espace Avel Vor de Plougastel-Daoulas dans le Finistère. Nous avons ainsi pu nous entretenir avec Elouan Davy (chanteur et guitariste), Lila-Rose Attard  (bassiste et chanteuse), Calvin Tulet (guitariste) et François Rocheteau (batteur) pour bien sûr parler de leur album, de leur histoire mais aussi du disque suivant qui, semble-t-il, ne devrait pas trop tarder.

Huit ou neuf mois après sa sortie, quel regard portez-vous sur votre premier album ?
Elouan Davy : On est contents de l’accueil qu’il a reçu, de la part du public comme des médias. Il y a eu beaucoup d’articles qui ont été écrits, notamment dans des magazines qu’on aime lire comme “Rock & Folk” et “Rolling Stone”, ça fait plaisir. Après, avec le recul, vu qu’on essaie sans cesse de s’améliorer, quand tu le réécoutes, tu te rends compte que tu aurais dû faire certaines choses d’une autre manière. Donc, ça te pousse à faire mieux pour le prochain.

Qu’est-ce que vous auriez voulu faire différemment ?
Ce sont des détails dans le son, par exemple. La manière de faire les prises de son, que ce soit pour les amplis ou la batterie.
Lila-Rose Attard : Faire un truc moins carré, moins lisse.
Elouan : Dans l’interprétation aussi, on s’est beaucoup concentrés en mode “C’est l’album”. Du coup, on a perdu de la spontanéité. L’énergie et le live, c’est ça qui nous caractérise et là, on s’est un peu bridés au moment de faire les prises.

Moi qui allais vous complimenter sur le fait que c’était carré, justement… A propos de cet album, vous aviez dit : « rien n’a été laissé au hasard, chaque note a été analysée ; on voulait être en place ». De mon point de vue, vous concernant, c’est ça qui fait la différence : c’est carré, c’est solide, c’est bien en place. Ce n’est pas du rock’n’roll pour du rock’n’roll. Donc, cet aspect de votre musique, ce côté super carré, c’était important pour vous ?
Elouan : Complètement. En fait, c’est dans la composition avant le studio, c’est très important qu’on arrive bien carré, qu’on ait tout testé, qu’on ne laisse rien au hasard. Mais c’est au moment d’enregistrer, il faut quand même se laisser un peu de liberté et d’interprétation. Sinon, ça peut faire trop lisse ou trop propre. Mais c’est important d’arriver carré.

Personnellement, sur votre premier album, je trouve que votre musique ressemble un peu à un croisement entre les premiers Arctic Monkeys et les Dogs. Ça vous va comme comparaison ?
Calvin Tulet : Ça va, il y a pire ! (rire général)
Elouan  : Ce sont deux groupes qu’on écoute à fond, qui représentent deux périodes différentes aussi. D’un côté, les Arctic, c’est plus moderne, plus neuf. De l’autre, les Dogs ont des influences vraiment garage. Dominique Laboubée était fan des Kinks, un groupe que l’on adore aussi. Donc, ça nous va très bien.

Concernant le groupe, c’est quoi son histoire ? Comment est-il né ?
Avec François, on s’est rencontrés au conservatoire fin 2018. Et le groupe s’est formé en mars 2019 avec François et Valentin, un bassiste qui était dans ma classe en première. On aimait tous les deux les Stray Cats et on était dans le même atelier de jazz au Conservatoire. On avait les mêmes influences et ça a bien fonctionné. On a commencé par reprendre des artistes comme Eddie Cochran, Gene Vincent, les Stray Cats… On a tourné comme ça pendant un an. Ensuite, Calvin nous a rejoints à la guitare. Puis, Lila nous a rejoints en octobre 2020.
Lila-Rose : Calvin et moi, on se connaissait. On avait un groupe avant, qu’on avait créé avec un autre batteur en 2018. C’est comme ça qu’on avait commencé.
Elouan : Au moment où j’ai demandé à Calvin de rejoindre le groupe, leur batteur s’en allait. C’est bien tombé.
Calvin : Oui, je voulais continuer à jouer dans un groupe. Tout s’est bien goupillé !
François Rocheteau : Au même moment, notre bassiste commençait aussi à être moins motivé.
Lila-Rose : Du coup, je l’ai remplacé.

Au début, votre style était donc plus rockabilly ?
Elouan : Oui, à fond. Après, on a viré vers le garage quand Calvin est arrivé à l’été 2020. On s’est vraiment mis à la compo quand Lila nous a rejoints. Sinon, tu es typé “groupe de reprises” et tu n’avances pas. Tu as envie de montrer ton identité, de créer quelque chose.

Pourquoi avoir voulu former un groupe de rock ? C’était un rêve, une passion depuis votre plus jeune âge ?
Elouan : C’est venu tardivement. Cela faisait un an ou deux que je cherchais du monde pour jouer mais en Vendée, sur la côte, il y a déjà peu de gens qui font de la musique, alors en plus du rock et qui veulent monter un groupe, c’est rare.
François : Pour moi, c’est depuis que je joue de la batterie. C’est donc depuis que je suis tout petit.
Lila-Rose : Moi aussi, c’est quand j’ai commencé à jouer de la guitare, à la fin du collège et au début du lycée. J’ai découvert les Beatles, je suis devenue complètement fanatique et je voulais absolument avoir un groupe. Depuis, ça n’a pas changé.

Si je demandais ça, c’est aussi parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont plutôt branchés rap et r’n’b. Vous, ce n’est pas du tout votre truc ?
Elouan : Non, j’en ai écouté au collège, quand on suit un peu la masse. J’écoutais ce qui passait, pas mal de rap américain, mais un peu par défaut.
Calvin : Pour moi, R’n’B, c’est le rhythm ‘n’ blues. C’est plus ça que j’écoutais.

Quand on voit les noms des groupes que vous repreniez à vos débuts, que ce soit les Kinks, les Sonics ou les Flamin’ Groovies, ce sont des noms qui font rêver beaucoup de gens. Mais vous justement, est-ce que ça vous fait rêver, est-ce que ça vous fascine toute cette mythologie autour de l’histoire du rock ?
Elouan : On adorait reprendre ces groupes parce qu’ils représentaient quelque chose. Je trouve surtout que le truc un peu mystique, c’est avec les groupes des années 50. Quand tu vois les vieilles vidéos disponibles en noir et blanc sur YouTube, l’ambiance est bizarre parce que le public est “pleine balle” mais, en même temps, il ne bouge pas trop, ce sont les débuts. C’est un tout, c’est la musique et puis, de voir ce que ça donnait en live à l’époque, c’était quelque chose.

Une des composantes essentielles de la mythologie du rock, c’est aussi le look, le style, l’attitude. J’ai l’impression que c’est aussi important pour vous. Je me trompe ?
Lila-Rose : Je me souviens quand on a décidé d’avoir vraiment un look plus travaillé. Quand j’ai rejoint le groupe, on s’est dit qu’il ne fallait pas qu’on laisse notre style au hasard, il fallait que l’on soit bien habillés. Même si le rock est catégorisé “crade”, on voulait quand même rester classe.
Elouan : Les groupes garage de l’époque, ils étaient en costume, on aimait bien.
Lila-Rose : Depuis, le style a quand même beaucoup évolué mais c’est parti de là. On a travaillé le style dès le début.
Elouan : Par exemple, les Arctic dont on est carrément fans, on ne voulait pas être comme eux. A leurs débuts, ils étaient sur scène comme dans la rue, en jean-polo.
Lila-Rose : Je pense que c’est ce qui plaisait à l’époque aussi, leur public s’identifiait à eux. Le rock des années 60 et 70 est maintenant revenu à la mode et le style avec.

Vous semblez aussi beaucoup apprécier les concerts et vous semblez vouloir en faire beaucoup. Pourquoi appréciez-vous autant le live ?
Elouan : Au début, quand on a commencé à jouer, on adorait faire des répètes, jouer ensemble. Après, quand il y a du monde qui vient te voir, c’est trop cool. C’est pour ça qu’on a commencé, c’est vraiment pour jouer. Ce n’est pas le studio ou ce genre de choses. La compo, on aime bien aussi mais le truc qu’on aime par-dessus tout, c’est jouer sur scène.
Calvin : C’est la meilleure façon de transmettre l’énergie des morceaux.
Elouan : Comment tu bouges, ça donne aussi sens aux compos. Nos morceaux demandent à être vus en live.
Calvin : Il faut jouer ça physiquement.
Elouan : On a joué en première partie de Sum 41 à La Défense Arena samedi dernier. C’est une salle de 40 000 places. Pour le coup, j’ai vraiment ressenti un truc.
Lila-Rose : C’était tellement grand que tu ne vois pas les gens. C’est moins stressant que de jouer dans une toute petite salle où tu es vraiment proche des gens.
Calvin : Il n’y en avait pas 40 000 quand on y était, il y en avait peut-être 20 000. C’est immense, on n’avait jamais fait un truc comme ça. Mais finalement, ça ne m’a pas fait stresser plus qu’autre chose. Il y a eu des concerts où j’étais beaucoup plus stressé. Là, j’ai très bien dormi la veille. Quand je suis arrivé, tout allait bien.

Quel est votre meilleur souvenir de concert ?
Elouan : La Cigale en première partie de Ko Ko Mo, c’était quelque chose parce que ça représente quand même une salle mythique sur Paris. La salle est hyper bien, c’est hyper classe avec les moulures sur les balcons, le dôme… On avait un peu de pression et on a bien joué. Donc, on était hyper contents.
Calvin : On avait trente minutes pour montrer ce qu’on savait faire. Après, il y a eu d’autres super concerts. Il y a eu notre premier Supersonic aussi. C’est pareil, c’était assez impressionnant parce que c’était notre premier concert où on jouait dans un petit club. Tout le monde bougeait dans tous les sens, c’était l’orgie. Ce sont des super souvenirs. Je ne sais pas si c’est le lieu qui compte. Des fois, ce sont les gens aussi.
François : Il y a eu aussi un festival en Bretagne à Malguénac, je ne sais si vous vous en souvenez. On est arrivés dans un chapiteau avec une scène en bois, on avait l’impression que c’était un trampoline. On se demandait ce que c’était. Le concert a commencé et les gens étaient fous.
Calvin : Par contre, à côté de ça, on a fait beaucoup de concerts dans des Smac où il n’y avait pas forcément une grosse ambiance…
Elouan : Quand c’est roots, c’est bien. Mais ce soir, ça va être bien aussi.
Calvin : Ça dépend aussi de notre état d’esprit. Ce qu’il faut, c’est se donner à fond, montrer qu’on peut aller jusqu’au bout du concert et que ça va le faire.

D’après les informations que j’ai pu recueillir pour préparer cette interview, on sent aussi que vous très, très motivés, très déterminés, pas du tout dilettantes. Je me trompe ?
Elouan : C’est clair qu’on est très motivés et qu’on n’est pas près de s’arrêter. J’ai l’impression qu’il y a parfois des gens qui pensent que ça y est, on est lancés. On ne voit pas du tout les choses comme ça. Je trouve qu’on n’est qu’au début et que rien n’est fait.
Calvin : Si, il y a des choses de faites mais, pour le moment, il y a un seul album. Il y a beaucoup de gens, surtout des proches, qui disent que, pour nous, c’est tout tracé, que les journalistes s’intéressent à nous. Ils ne comprennent pas que ça ne se passe pas comme ça. Au niveau où on est, on a plutôt intérêt à regarder devant, tout le monde ne nous connaît pas. Tout reste à faire.
Elouan : Il faut toujours avoir un cap, avoir de l’ambition et essayer de viser plus loin. Si tu te confortes dans ce que tu as, tu n’avances plus, tu ne t’améliores plus.

Ce qui frappe aussi vous concernant, c’est que vous donnez l’impression d’un bloc, d’un collectif soudé mais où apparaissent aussi quatre personnalités distinctes. Voues êtes d’accord ?
Calvin : Oui, c’est sûr. On ne fonctionne pas tous pareil, on ne s’habille pas tous pareil. On est tous un petit peu différents mais en même temps très soudés.
Elouan : Ce qui est marrant, c’est que, pour la scène, les gens parlent souvent d’un bloc mais chacun est dans son truc quand même. Je ne pensais pas que ça allait ressortir autant que nous sommes un bloc même si on a nos différences. C’est cool mais ce n’est pas du tout voulu. Le fait qu’on s’habille différemment, c’est juste que chacun fait son truc.
Calvin : On a de la chance, la cohésion a l’air de se voir.
Elouan : La cohésion est là parce qu’on est souvent ensemble et qu’on répète tout le temps.
Calvin : Et on est potes aussi, surtout. On s’entend bien, on n’est pas seulement collègues de travail. Ce n’est pas monté de toutes pièces, cette histoire ! (rires)

Si on se fie aux nouvelles chansons que vous avez jouées en concert ces derniers mois, il semble y avoir des ballades un peu dans l’espeit de “The Gates to that Sweet Song of Yours”, et aussi des chansons en français. A quoi va ressembler votre prochain album?
Lila-Rose : Oui, il y aura plus de ballades sur le prochain album, et aussi des chansons en français.

Pour quand est-il prévu ?
Elouan : Pour septembre, normalement. Il faut enchaîner pour éviter qu’on nous oublie. L’enregistrement de l’album aura lieu en janvier. On est un peu focus là-dessus. Tous les morceaux sont prêts, il faut fignoler mais on sait lesquels on va mettre dessus. On en joue certains ce soir d’ailleurs. C’est avec ce disque qu’on va voir si ça stagne ou si on passe vraiment une étape, si on est vraiment lancés.
Calvin : Comme il y a plus de ballades ainsi que tu le disais, et des chansons en français, ce qui serait vraiment cool, c’est que ça nous ouvre un plus large public.
Elouan : Qu’on montre qu’on sait faire autre chose.

Pour finir, quel serait votre plus grand rêve pour l’avenir ?
Avant, on disait que ce serait de tourner tout le temps. C’est un peu maintenant ce qui va se passer, il va y avoir plein de concerts. Donc, ce serait aussi de remplir les salles…
Lila-Rose : La Défense Arena, par exemple. (sourire)
François : Et de commencer à tourner à l’étranger.
Elouan : Oui, de tourner à l’étranger et, même en France, de remplir les salles sur son nom, tout simplement.
François : Tourner à l’étranger, dans les pays d’où sortent les groupes qu’on aime, ce serait classe.


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