Le deuxième album de Mélanie Isaac voit la chanteuse belge opérer un double mouvement : vers la simplicité et le dépouillement d’une part, vers la légèreté et la joie d’autre part, la chanson titre évoquant la naissance de sa fille. Une belle réussite.
Il y a quelque temps, nous avions laissé la parole à Mélanie Isaac pour présenter titre par titre son bel album “Surface”, paru en 2022. La chanteuse belge y évoquait la genèse du disque, ainsi que les angoisses personnelles, les amours tristes et les blessures (le décès de la mère, puis du père, à peu de temps d’intervalle) en arrière-plan de la douceur et de la tonalité aérienne de ses compositions.
Aujourd’hui vient de sortir son nouvel album, ”En attendant Nico”, qui marque une nette évolution dans le travail de Mélanie Isaac : vers la simplicité et le dépouillement d’une part, vers la légèreté et la joie d’autre part. Qu’elle se remémore un souvenir d’enfance, cette boîte métallique contenant des biscuits et un lance-pierre qu’elle avait enterrée au pied d’un arbre, par peur de la guerre (”Le Tilleul”), ou l’apaisement et la sérénité enfin trouvés dans son parcours personnel (“Une fleur sur le piano”, “Le Camp et la Couleur”), tout l’album témoigne de cette attention nouvelle au quotidien, à ces petits rien, ces « sublimes ordinaires », qui émaillent nos existences :
Dans les mouvements contraires
Je traquais l’ordinaire
Figurants filant derrière
De l’or dans la poussière
Le sublime ordinaire
Ce retour à l’essentiel se manifeste également dans l’approche musicale d’“En attendant Nico”. La plupart des titres ont été composés au piano et conservent cette simple base piano-voix dans les versions présentes sur l’album. La voix légère et claire de Mélanie Isaac y est mise en évidence. Les ombres tutélaires de Barbara et Dominique A, évoquées pour le précédent album, s’estompent pour laisser place à un univers plus lumineux, voire joyeux et joueur comme sur le titre ”Elle cherche le A”, chanson composée au départ d’une seule note et une seule lettre.
On pense ici beaucoup plus volontiers à Jeanne Cherhal ou à Nach (nom de scène d’Anna Chedid) et au magnifique album de cette dernière sobrement intitulé “Piano-voix” (2020). Comme celle-ci, qui terminait cet album sur son désir d’être mère (“Le Bon Moment”), Mélanie Isaac ouvre son nouvel album par la chanson éponyme “En attendant Nico” qui évoque sa maternité et la naissance de sa fille. Si elle écrit habituellement ses propres textes, pour ce sujet à fleur de peau, trop intime pour qu’elle puisse l’aborder elle-même dit-elle, Mélanie Isaac a fait appel à Antoine Graugnard, déjà présent sur quelques chansons de ”Surface” et également auteur de ”Je te garderai” sur ce nouvel album.
Mélanie Isaac débute une tournée où elle sera seule au piano, conservant l’esprit dépouillé du nouvel album et y reprenant des titres de ”Surface” dans ce format. ”Paradis Nord”, titre phare de ce dernier, fait d’ailleurs l’objet d’une belle relecture épurée sur “En attendant Nico”.
La tournée débutera au Botanique (Bruxelles) ce 12 décembre. On peut se faire une idée de la tonalité des concerts à venir avec cette version de ”Rouge Indigo”, titre qui apparaissait sur “Surface” :