Une ancienne lauréate de The Voice sort un premier album fulgurant, entre pop 90’s, trip-hop et rock. Une bande-son possible pour finir l’été en beauté.
Drôle de pedigree que celui de cette Suissesse de 23 ans. La chanteuse et musicienne sort cet été son premier album, Fashion, quatre ans après avoir gagné haut la main l’émission The Voice Allemagne, dont elle avait remporté la finale en chantant, entre autres, un de ses propres morceaux. Quatre singles plus tard, dont trois sortis ces derniers mois, Paula Dalla Corte revient avec une courte (8 titres et 25 minutes de musique) collection de chansons personnelles, qu’elle situe elle-même “quelque part entre la sauvage imprévisibilité de Berlin-Krautzberg et la mélancolie rêveuse de la Californie”.
Ça commence sur les chapeaux de roue avec Fashion, une bombinette pop-punk 90’s que n’aurait pas désavouée Lush. On découvre un son brut et élaboré à la fois, des arrangements inventifs et une voix acrobate qui n’a pas fini de nous éblouir de ses arabesques, tantôt grave, tantôt gravissant les aigus avec une redoutable aisance. Une voix qui devient fatale dès le deuxième titre, Daddys Eyes, et dont le velouté rappelle celui de Lana Del Rey, posé sur une mélodie immédiatement séduisante et néanmoins retorse, à la Moose… Le timbre prend des aspects plus moirés sur les portisheadiens Ugly Beauty ou Beautiful Life, et cette fois n’a rien à envier à Beth Gibbons. Cette voix aux couleurs multiples se révèle encore rocailleuse et voltigeuse sur Heavy Heart, échappée inspirée entre r’n’b moderne et pop.
En parlant de pop, Good Girl Killer est sans doute le morceau le plus tubesque de l’album, qui dans un monde plus juste squatterait aisément les grilles des radios musicales. Offensif, provoc et féministe, une réjouissante flèche plantée au cœur de tous les réacs et machos du monde en 2 minutes 40 chrono. Pour terminer ce mini-album, qui prend aussi de-ci de-là des atours sombres et velvetiens, la vibrante ballade au piano Glitter, où l’artiste déploie son chant à des hauteurs insensées. Puis le percussif, presque indus, et pourtant terriblement sensuel Bite Me clôt les ébats avec maestria. Une conclusion parfaite pour ce qui pourrait (devrait) être la bande-son d’un été féminin, combatif et radieux…