Kate Stables revient avec un nouveau disque où le folk serein et les rythmiques entraînantes trouvent un équilibre quasi parfait.
On garde un souvenir ému de notre découverte de This Is The Kit. C’était probablement pendant l’année 2005, lors d’un concert où le groupe de Kate Stables assurait la première partie de Sun Kil Moon, la formation de Mark Kozelek. Le set était d’une rare délicatesse, porté par la très belle voix de la chanteuse qui n’était soutenue que par une guitare boisée et un banjo claquant. Depuis la sortie de l’album “Krülle Bolle“ en 2007, Kate Stables est devenue, malgré un succès modeste, une figure centrale de la sphère folk/indie, apparaissant sur des disques de The National, Cabane ou Laura Veirs. Avec This Is The Kit, sa carrière s’est avérée régulière dans la qualité, ce que confirme aujourd’hui “Careful of Your Keepers“, impeccablement produit par Gruff Rhys.
Kate Stables l’a sans doute appris très tôt : la chanson folk discrète nécessite d’être bien accompagnée pour que son interprétation touche en plein cœur. A l’évidence, le groupe qui joue avec l’Anglaise installée à Paris sur “Careful of Your Keepers“ souligne parfaitement le songwriting de la chanteuse. Les lignes de basse de la talentueuse Rozi Plain tiennent parfois l’essentiel des mélodies tandis que la guitare discrète de Neil Smith baguenaude tranquillement entre deux notes électriques qui jaillissent sans crier gare. Jamie Whitby-Coles tient la rythmique sans sourciller, jusqu’à nous emporter dans une sorte de faux mouvement. Fidèle au poste, Jesse Vernon joue des cuivres et nous enivre de divagations rythmées et jazzy.
Par moments, le disque prend le temps de faire un détour où Kate Stable joue seule, s’accompagnant juste au banjo, comme sur l’intro de “Take You to Sleep“. Mais le reste du groupe n’est jamais très loin pour porter les berceuses poétiques de la chanteuse. L’échange qui se crée alors entre les instruments et la voix se révèle l’un des plus bienveillants que l’on peut entendre aujourd’hui.
“Careful of Your Keepers“ se referme calmement avec “Dibs“ et nous invite, un temps, à nous échapper de notre bulle quotidienne pour retrouver une sincérité inattendue. Un disque qui coule de source, où l’on se repose autant que l’on s’abandonne doucement aux rythmes. Une orfèvrerie musicale qui a tout du chef-d’œuvre discret.