Avec “Faces”, Mossaï Mossaï, quatuor formé de Jean-Loup Dutoit, Marie Escadafals, Tanguy Serand, et Philémon Tranchant, marque un grand coup, et signe un disque intransigeant quant à son intensité, son intégrité, et envoie cinq titres sans concessions et dont la forme n’a que peu d’équivalents en France. Derrière une instrumentation hyper noise, avec cette batterie martiale et ces guitares âpres, surgit parfois la voix de Marie Escadafals, déclamant des textes puissants, quand ne déferlent pas des riffs qui tendent vers le métal avant des incursions plus douces (sur l’impressionnant “CérébralÅ, tout en montagnes russes) ou des éclats de krautrock. Que ce soit sur des formats courts ou des morceaux au long cours (« Esquisses » dépasse les 13 minutes), Mossaï Mossaï ne se dilue jamais, reste compact et signe un disque impressionnant.
Ses auteurs nous le présentent !
Cérébral
Nous avons cherché à faire un morceau cyclique. Oscillant entre un basse-batterie minimaliste et un refrain distordu, le morceau se crée de balancements mécaniques. De ces répétitions une certaine habitude se créée, compacte, massive, ne laissant peu de place au silence pour qu’elle finisse par se briser. Ainsi, heurté à une atmosphère plus légère, comme assis, le balancement se fait plus lent, rassurant pour succomber une fois de plus dans un instant sourd.
Esquisses
Nous sommes parti.es cette fois-ci des paroles et de quelques accords à la guitare. Un basse-batterie plus spontané appuyant l’intensité du texte arrive après cet instant de conte sonore. Nous avons voulu faire une fêlure en y incorporant une exploration bruitiste puis un passage plus sombre pour créer une tension. Ce morceau est inspiré de deux amies peignant, collant des fleurs, des bouts de bois sur des tableaux. Les tableaux naissaient de fleurs aux couleurs vives se flétrissant avec le temps, se mouvant au détriment de leurs confectionneuses. « Esquisses » est un morceau sur la contemplation.
L’Elan
Nous avons composé cette interlude en explorant chacun nos instruments sous une forme différente. En essayant cette fois-ci d’imager les paroles avec des impactes , des drones et des textures sonores, donnant une teinte lourde à la limite du malsain, du nerveux.
Silence des toits
Ce morceau a été composé en partant d’une tourne krautrock d’un synthé basse et de la batterie pendant le confinement. Indéniablement ce morceau parle du cloisonnement chez soi et en soi.
Charges
Ce morceau est le plus incisif de l’album. Se rapprochant dans l’écriture du premier : un
morceau minimaliste avec un basse-batterie solide se cassant par des refrains saturés. Charges a
été écrit pour parler de violence, la violence de la charge mentale ou encore celle de la charge
physique trop connue aujourd’hui. A l’image de l’album, ce morceau est voulu en parties qui se
cassent, ne se ressemblent, s’énervent pour s’apaiser, se tendent pour devenir silence.
“Faces” sort ce vendredi 26 mai sur le label Figures Libres.
Merci au groupe et à Adrien Durand.
Photo : Flavie Herbreteau