Ne pas choisir entre guitares folk et synthétiseurs grésillants, tel est le crédo d’Avey Tare sur ce quatrième album solo.
La première image d’Avey Tare qui nous revient, c’est ce concert du 16 juillet 2009. La nostalgie est parfois étrange et les souvenirs de nos trente ans n’ont pas la même sensation que ceux de nos vingt ans. Nous sommes assis dans le fond de la Cigale, au bord de l’épuisement. On essuie une larme après le set de Gravenhurst. Nick Talbot est venu défendre l’intégralité de sa discographie avec juste une guitare demi-caisse avant de céder la place au show chaotique d’Animal Collective. Un souvenir parmi tant d’autres, comme des écoutes en boucle de “Merryweather Post Pavillion“, que l’on ressort des étagères pour l’occasion la sortie de “7s“, le quatrième album solo d’Avey Tare. Une déambulation hallucinée que l’on ne pouvait pas refuser.
Toujours trimballées par des arrangements approximatifs, les compositions d’Avey Tare nous semblent aujourd’hui plus sobres, presque introspectives. Sur “Lips at Night“, on entend quelques blips-beats programmés sur un sampler avec un accord de guitare acoustique martelé jusqu’à la déraison. Une rythmique presque déréglée dont la saveur hypnotique accompagne parfaitement le chant étrangement sobre du frontman d’Animal Collective. Avey Tare s’amuse à marier deux teintes musicales, le boisé et le synthétique, sans vraiment privilégier l’une par rapport à l’autre. Une approche lo-fi qu’il choisit de ne pas suivre jusqu’au bout avec les 9 minutes electro-ambiant de “Hey Bog“. Avec son drone fantomatique en ouverture, sa lancée lysergique en forme d’immense logorrhée et sa conclusion sur une modulation paisible jouée au synthétiseur, le morceau gagne en bravoure là où on ne s’y attendait pas.
Est-ce que ce folklore mutant a été enregistré avec joie, douceur et un brin de compulsion ? Une spéculation parmi tant d’autres que l’on imagine en écoutant la petite mélodie vaporeuse de “Cloud Stop Rest Start“ dont les dernières notes apaisées sonnent comme la fin d’une anxiété. Après la récente collaboration de Panda Bear (autre Animal Collective) et Sonic Boom, “7s“ arrive à point nommé. On en viendrait presque à espérer voir un jour ces trois-là ensemble sur scène. Une invitation à laquelle on répondra bien évidemment présent s’ils font ça à la Cigale en plein milieu du mois de juillet.