Ottis Cœur – Léon

Sur leur deuxième EP, les deux Parisiennes d’Ottis Cœur déploient une énergie follement communicative.

Complicité. Complémentarité. Osmose. Tels sont les mots qui viennent à l’esprit quand on parle d’Ottis Cœur. Ce duo parisien composé de Margaux, la blonde, et Camille, la brune, s’est formé au début de l’année 2020. S’en est rapidement suivi le confinement du printemps que les deux jeunes femmes ont décidé de passer ensemble dans un coin reculé de Loire-Atlantique. C’est là que leur amitié et leur cohésion se sont véritablement forgés puisqu’elles ont rapidement commencé à enregistrer ensemble, main dans la main, ce qui allait devenir leur premier EP. Elles ont en effet décidé de garder ces enregistrements et de les sortir tels quels sur ce premier effort intitulé “Juste derrière toi”. Sur ce disque sorti à l’automne 2021, elles démontraient déjà un style bien affirmé, aussi tendu qu’électrique.

Elles reviennent aujourd’hui avec un second EP, sorti il y a quelques semaines, qui s’avère encore plus excitant que son prédécesseur. Tout au long des six titres qui le composent, au travers d’un chant à deux voix toujours en français, elles prônent un féminisme totalement décomplexé souvent exprimé avec humour et dérision, créant ainsi une réelle connivence avec l’auditeur. Qu’elles parlent de leur refus des schémas familiaux traditionnels (“Labrador”), de leurs déceptions amoureuses voire sexuelles (“Jamais je ne viens”) ou des dragueurs lourds (“Laisse-moi”), leurs textes clairement piquants et irrévérencieux atteignent rapidement leur cible.

Surtout, musicalement, on est souvent porté par le rythme des chansons sur cet EP où les deux Parisiennes démontrent un vrai don pour des mélodies à la fois accrocheuses et pleines d’énergie. D’ailleurs, dès “Labrador”, le morceau d’ouverture, le ton est donné avec cette euphorisante déclaration d’indépendance qui donne envie de secouer la tête. Ensuite, sur des titres comme “Jamais je ne viens” ou “Laisse-moi”, nous sommes menés par une authentique énergie communicative provoquant un irrépressible besoin de danser. Cet opus contient aussi des morceaux plus calmes avec le lancinant “Le Son de ta voix” ou “Le Cercle”, chanson qui peut évoquer les Kills, en particulier cette guitare souveraine qui électrise le corps et l’esprit. Pour finir, “Léon”, le titre éponyme, reste durablement dans la tête avec ce calme un peu dérangeant qui créé une ambiance saisissante. Même si le disque reste d’une qualité constante, avec ce dernier titre, Ottis Cœur a assurément gardé le meilleur pour la fin.

Tous ceux qui suivent de près l’actualité musicale savent très bien que la scène française est depuis longtemps d’une très grande richesse. Mais ce qu’il est intéressant d’expérimenter avec Ottis Cœur est l’aspect foncièrement vivifiant de leur musique. A l’écoute de leur EP, il est difficile de tenir en place. Il a même été compliqué de rester immobile à l’écriture de cette chronique.