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Disques

Shame – Food for Worms

Début 2020 : Shame passe haut la main la fameuse épreuve du deuxième album (“Drunk Pink Tank”) après leur entrée remarquée deux ans plus tôt dans le monde du rock alternatif énervé post-punk (“Songs of Praise”). Fin février 2023, les Britanniques sont de retour avec l’excellent “Food for Worms”, (légèrement) moins en colère mais plus recherché que ses prédécesseurs.

Peut-être est-ce dû à la disparition récente du génie Tom Verlaine, mais difficile de ne pas penser à Television et son célèbre “Marquee Moon” sur le morceau d’ouverture de ce nouvel album, “Fingers of Steel”. La guitare clinique qui donne le ton et le tempo à cette chanson nous met d’emblée dans les meilleures dispositions pour goûter cette « nourriture pour vers de terre ». Les chœurs qui nous rappellent les Parquet Courts sont impeccables ; nous sommes en terrain connu, rassurés. Un terrain que n’ont pas forcément beaucoup arpenté jusqu’ici nos amis de Shame, mais cela leur va plutôt bien. Mais attention, s’ils ont décidé de prendre davantage leur temps sur ce troisième album, n’allez pas croire qu’ils ont remisé leur rage et leur colère au placard. Grosse basse bien lourde, rythme au galop, “Six-Pack” ou “Alibis” font le boulot. Cependant, ce n’est pas forcément sur ces morceaux que le groupe s’en sort le mieux.

Car oui, lorsque Shame décide de prendre son temps, il parvient à nous surprendre (un peu) et c’est plutôt une bonne nouvelle. Le groupe signe d’ailleurs un de ses plus beaux titres avec le lancinant “Adderall” en clôture de la face A de leur nouvelle galette, avec en invitée de marque Phoebe Bridgers s’il vous plaît. Charlie Steen, le chanteur, a décrit ce nouvel opus comme « la Lamborghini des albums de Shame ». Eh bien, le bolide a perdu quelques bourrins dans l’affaire. Plus calme, avec des refrains pacifiés, ici quelques claviers (“Orchids”), là des changements de rythme bienvenus et bien sentis (“Different Person” et sa structure en trois parties) : nous ne sommes pas en mode pépère Rolls Royce mais c’est confort comme une Aston Martin. Avec parfois James Bond au volant tout de même, comme sur le final hypnotique et chaotique de “Burning by Design”. “All The People” vient clôturer en beauté l’album, un peu à la manière de Pavement sur “Crooked Rain, Crooked Rain” : guitare déglinguée, voix hors-piste, chœurs et batterie infinis. Sans sortie de route.

En concert en France le 15 mars à Paris (Cabaret sauvage), le 16 mars à Bordeaux (Rock School Barbey) et le 22 mars à Nîmes (Paloma), le 30 juin à Clermont-Ferrand (EuropaVox).

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