Auréolé de son dernier – et superbe – disque, Dominique A faisait le mois dernier une étape girondine sur sa tournée, accueillant en première partie Lonny. Une très belle soirée.
C’est, sans surprise, dans une salle comble que vont se produire deux musiciens ayant sorti parmi les plus beaux albums de l’année. Honneur à la jeunesse et à la lumineuse Lonny, qui vient présenter toute seule à la guitare acoustique “Ex-Voto”, joli disque habité. Si on l’aime aussi beaucoup en trio, le solo se prête parfaitement à son univers folk où semble toujours couver un feu intense derrière ses mélodies paisibles et son chant vibrant. “Le Goût de l’orge”, “Comme la fin du monde” ou “Incandescente”, titres magnifiques sur disque avec leurs arrangements, sont tout aussi remarquables sur scène dans le dépouillement de cette formule en solo. A chaque nouveau concert, Lonny s’affirme comme une artiste déjà incontournable sur la scène française.
On la sentait d’ailleurs émue, heureuse d’ouvrir pour Dominique A, que l’on ne présente évidemment plus et qui a séduit avec “Le Monde réel”, un disque une fois de plus sensible, élégant et riche de mélodies et textes passionnants. Après l’entracte, c’est justement l’ensemble musical avec lequel il a enregistré l’album qui se présente sur scène aux côtés du Nantais, que l’on sent en belle forme. Le décor sobre est rehaussé de jeux de lumière de toute beauté pour accompagner les musiciens durant ce concert généreux, qui s’ouvre sur un triptyque “Dernier appel de la forêt”, “Les Roches” et “L’Océan”. Les éléments et la nature, qui semblent de plus en plus l’inspirer, sont donc très présents au début du set, et le chanteur les met en musique d’une manière splendide, avec cette chaleur instrumentale, ce raffinement qui ne manque jamais de chair. Les timbres des flûtes traversières et claviers se marient subtilement à une rythmique souple batterie-contrebasse, parfait écrin pour la voix de Dominique A, qui ne manque jamais de s’animer ou de se montrer taquin entre deux chansons.
Si la setlist fait logiquement la part belle au “Monde réel”, une grande partie de ses albums précédents est représentée, par au moins un morceau, avec des arrangements adaptés à la formation instrumentale de cette tournée. D’où le grand plaisir de découvrir des versions s’éloignant de celles des disques, qu’il s’agisse de “Bowling”, d’un “Vers le bleu” dépouillé ou de l’incontournable “Le Courage des oiseaux” (au rappel), chargé de tension. Cette faculté de passer d’une atmosphère à une autre ne manque jamais de séduire, comme sur l’enchaînement “Comment certains vivent” – “Au revoir mon amour” – “L’Horizon” qui laisse admiratif devant la maîtrise tranquillement déployée.
Après une heure et demie de concert, Dominique A et ses musiciens quittent la scène, avant de revenir pour un rappel copieux, ouvert sur une version superbe d’”Eleor”, et refermé (comme le dernier album) sur “Au bord de la mer sous la pluie”. Parfait épilogue délicat d’une soirée qui aura constamment navigué entre élégance et intensité, sans aucun compromis : la marque d’un grand, si jamais il était besoin de le rappeler !
Merci à Dalinda du Rocher de Palmer. Photos : Olivier Seguin.