Un album moyen d’Hot Chip, c’est comme un ecsta qui ne monte pas : une longue attente avec une impatience trépignante. Mais ce nouveau disque où les Anglais expriment leur difficulté à rester festif dans un monde qui l’est si peu séduit finalement par sa sincérité.
Nous y sommes désormais habitués. Il faut s’y résoudre : quelquefois, Hot Chip nous lasse.
Tout fonctionne dans ce “Freak Out/Release” mais justement il manque un peu de Freak Out.
Ça commence pourtant bien avec un “Down” qui ne l’est pas du tout. Funky à souhait, citant désormais ouvertement son influence (un sample de “More Than Enough” du Universal Together Band, obscur groupe de Chiacgo exhumé par l’indispensable label Numero Group), voilà qui claque mais justement le titre tourne un peu à plat. Disons qu’on devrait être à fond et on dansote mollement.
Puis Alexis flâne, picote vaguement chez Marvin Gaye pour un titre quasi indigent :
Don’t you know we’re not roving free
We’re just a part of ecology
And when the words are escaping me
I try to speak with economy
“Eleanor”
La consternation plane… On est, me semble-t-il, comme toujours dans la relecture mais cette fois-ci dans la relecture de leurs propres relectures. Que ce soit dans la dance (“Broken”), l’electronica glorieuse un peu raveuse (“Time”).
Le seul trait amusant dans cet album, finalement poussif, serait dans les allusions à l’esprit britannique qui flotte toujours un peu chez Hot Chip. Ici il rampe peut-être dans une allusion hard rock étonnante, “The Evil That Men Do” qui, plutôt qu’à Backstreet feat. Dr Dre (en fait aussi), nous fait penser au tube d’Iron Maiden (sur « Seventh Son of a Seventh’s Son », 1988).
Et si “Freak Out/Release” était un album déceptif, mettant en abyme sa propre mélancolie, son incapacité, temporaire, à aller de l’avant ?
Ain’t it hard to be funky when you’re not feeling sexy?
And it’s hard to feel sexy when you’re not very funky
C’est un peu ce que l’on perçoit dans “Out of my Depth”, charmant cloaque dépressif, touchant plus par sa batterie un peu décalée, véritable arythmie du cœur, que dans ses cordes déployées.
When I’m in my darkest place
I must be careful not to dwell there
When I’m headed for the ditch
I must be careful not to sleep there
While I might enjoy the peace
There are other lights that call me
And although I’m out of the race
I know that something good must befall me
Dans ce relatif échec, Hot Chip nous touche encore. Quel bel aveu finalement, que ce disque d’impuissance en 11 titres. Et puis sur scène, le groupe tourne toujours à plein régime, comme l’a montré leur récent et enthousiasmant concert à l’Olympia.
Avec l’aide de Johanna D, jamais funky.
« Freak Out/Release » est sorti le 19 août 2022 chez Domino.