On ne chôme pas pour nous faire somnoler de concert avec ce premier état des lieux des Siestes Acoustiques, projet de Bastien Lallemant, ici en studio pour capturer sans le déflorer l’esprit des concerts.
Des concerts en pantoufles, dans des conditions de rêve, soient allongés et parés pour l’embarquement avec, comme chefs de cabine et commandants de bord, la fine fleur des auteurs-compositeurs, c’est l’idéal mis à la portée de nos oreilles de caniche par la bande à Bastien Lallemant. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de vivre ces Siestes Acoustiques, voici la session de rattrapage, sur galette, à l’ancienne.
Et il y a à boire et à manger… JP Nataf, humble sans doute, en pater familias, recycle un vieux titre, magnifique (“Les Lacets”). Blumi elle, qui nous met pourtant tellement le feu en français avec Thousand, nous laisse de glace avec “Cold War”. A contrario, c’est le rookie de la chanson, Charles Berberian, qui tire son épingle du jeu avec un “Night Ride”, vraie ballade à l’amerloque, qui nous rappelle que parfois le meilleur du rock américain peut être français (cf. Herman Düne, à la grande époque). C’est finalement dans cet inattendu qu’on est cueilli comme une fraise. C’est charmant, simple, parfait.
Armelle Pioline, comme Nataf, fait dans la dentelle et là encore, on est plus que conquis. C’est un absolu, tout ce qu’elle écrit et chante est admirable. Voilà. Qu’on se reporte éventuellement aux 2 derniers Superbravo (ici et là).
Je suis cette fois plus sensible à ceux qui me laissent habituellement froid (cela me désole mais c’est comme ça), les nominés Bastien Lallemant, Albin de la Simone, voire Seb Martel. Est-ce la proximité et la mise à disposition de leurs pairs ? Ce sont de bons conteurs, de bons charpentiers mais je n’arrive jamais à entrer et à me sentir pleinement à l’aise dans leur littérature musicale.
Surprise toujours : Babx, qui avec “Prendre Soin” pourrait conquérir au titre, convoité, de la meilleure chanson-bourge pour petits bourgeois, mais que j’adore, alors qu’elle a tout pour m’horripiler… En pleine Macronie totalitaire, où l’on a tant parlé des avantages fiscaux liés à la succession, cette ode à l’héritage a de quoi agacer. Mais c’est hyper beau, disons comme L’Heure d’été d’Assayas. Allez, mettons-ça sur le compte de la métaphore, à côté des “Bijoux” (de la couronne), de la Grande Maison qu’est, que pourrait être, La Chanson, française ou pas d’ailleurs.
De toute façon, on n’a pas envie de se fâcher, c’est tellement chouette. Le projet, l’idée, le fait que ça dure. Et on sent ça à l’écoute, que tout le monde est, justement, à l’écoute, des uns, des autres, de leurs propositions, cette façon de s’effacer et de se mettre à disposition, c’est vraiment généreux. Alors au-delà des noms, on préfère se rendre également disponible à l’écoute globale d’un véritable possee et ça marche.
Si en plus on a les illustrations d’un Charles Berberian en état de grâce (avez-vous contemplé son Shamat ? C’est à tomber…) et les documents filmés par rien moins que M’sieur Podalydès, soient nos deux héros depuis déjà plusieurs dizaines d’années, que demande le peuple ? Un volume 2 pour commencer. Et la révolution permanente siouplaît.
Avec l’aide de Johanna D., c’est O – ça.
Les Siestes Acoustiques Vol.1 sont sorties le 13 mai 2022 sur le label Zamora/Modulor