« It’s been two fucking years! » Ce joli mot d’introduction du chanteur Charlie Steen traduit toute la frustration de ces deux dernières putain d’années sans concert ou presque, et surtout le bonheur du retour des concerts sans masque. Deux ans donc que Shame n’avait pas foulé le sol frenchy (si l’on excepte une date parisienne isolée en novembre dernier, pour le Arte Concert Festival à la Gaîté Lyrique), là où ils avaient pourtant enregistré l’excellent “Drunk Tank Pink”. Après une première date à Villeurbanne, c’est au tour de Bordeaux d’accueillir à nouveau le groupe anglais. Dans une salle du Grand Parc bien remplie et chauffée par le noise brouillon de Hot Flowers et le rock appliqué mais nerveux de Nasty Joe, Shame a enflammé et bien réveillé la belle endormie.
Ils sont arrivés, tout beaux tout propres. Liquette blanche (presque) repassée et dans le pantalon pour Charlie Steen, pull jacquard et chemise boutonnée jusqu’au col pour le bassiste Josh Finerty, tous bien peignés, bref des jeunes (très jeunes !) gens recommandables. Bon, l’illusion n’aura duré que le temps d’une chanson et demie. Josh Finerty tente de battre à plusieurs reprises le record de traversée de scène en courant (et en jouant !) et le chanteur fait tomber la chemise pour exhiber un torse juvénile mais bien nourri. Charlie Steen fait même à moitié tomber le pantalon et est à deux doigts de nous faire une « Jim Morrison »…
La setlist fait la part belle aux nouvelles compositions du groupe qui inaugure son show par un nerveux “One Cool Jazz” récemment étrenné sur scène. Six nouvelles chansons seront envoyées à la face d’un public en rut qui, les habitudes reviennent vite tout de même, se lancera dans un concours de slams, depuis la scène ou pas. Même Charlie Steen fera son body surfing…
Parmi les nouveautés, mention spéciale à un morceau totalement inédit, “Everything in This Room” (merci pour l’exclu !), et surtout “Different Person” qui nous laisse présager de la haute tenue du prochain album dont la parution ne saurait tarder.
Dire que l’accueil de ces nouveaux morceaux fut bouillant est un doux euphémisme. En roue libre, la fosse s’est déchaînée sur les « classiques » du groupe, notamment “Concrete”, issu du premier effort “Songs of Praise”, qui n’a rien perdu de sa force et que Shame parvient à étirer jusqu’à plus soif. Tout a volé hier : les chaussures, les fringues, les verres, la bière, les gestes barrière… et putain que ça fait du bien ! Pourvu que ça dure…
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