Lonely Kid Quentin disparaît dans un nuage de ganja pour réapparaître en LKQ & Les Racines. Du dub pour hobos modernes, du reggae graillon pour satisfaire nos p’tits bidons. Lonely Kid Quentin continue de chanter notre époque et ça balance grave.
On nous avait promis un album reggae en bonus de la précommande de “14 Stations”, le voici enfin, paru le 25 décembre dernier comme un cadeau de fin d’année.
Lonely Kid Quentin est un malin et son humour contagieux. Le revoilà travesti en reggae man de fortune, délaissant ses oripeaux baroques pour la dread blanche de festivalier de l’Ouest.
Oh, comme il sentait bien venir l’omicron avec son “Ska Contact” qui a égayé nos dé-fêtes de fin d’année et nos maux de tête pandémiques en cette jeune année 2022.
D’ailleurs, ne serait-il pas un peu pro-fête, notre Quentin, lui qui voyait déjà Macron en idole des jeunes cool, prêts à les enfumer dans son long métrage de 2018 ?
Quentin se joue de tics de notre époque, tire à boulets rouges sur l’“Appropriation culturelle”, les appli de rencontres, Uber, la salsa et les fifilles à papa qui éclatent tout en latin. Entre autres… Sans oublier François Truffaut, cible récurrente.
Et on se marre bien avec une reprise potache et franchouillarde de “Reggae Night”, une histoire du reggae gainsbourgeoise, une version dub de son tube “Dans les morgues” et enfin, ce qu’on n’osait espérer, une version enregistrée pour le disque de son autre tube “Train pour Limoges” qu’on entendait dans « En fumée », lors d’une scène magique de tournée de repérage dans les « territoires » des deux héros parisiens voulant échapper aux pièges de la capitale.
Une incursion dans le calypso avec “Underneath the Mango Tree” nous rappelle d’autres mordus du genre, Mitchum et Stanley Brinks/Freschard pour ne pas les citer.
C’est dans les reggaes troubles que Quentin excelle. Le redoutable “Au cours de salsa”, contrepoint déglingué à la chanson bourgeoise d’un Delerm, Albin de La Simone ou Babx, en dit tellement sur notre époque de grands malades.
Plus malin encore et chaloupé jusqu’à la nausée, “Dans la friture”, examen clinique d’une charmante bourgeoisie adolescence de province, plus sûr que les babas au rhum indigestes du gros Chabrol.
On fond pour l’insert journalistique et la prise sur le vif de l’après-prise : un laisse tourner rappé aux anxiolytiques plus qu’à la ganja.
LKQ et ses Racines nous ont fait plus de bien que le paracétamol lors de notre épisode co-vid. Merci à eux. On fait tourner.
Avec l’aide de Johanna D. rastafaraïette