En décembre dernier, Philippe, notre collaborateur occasionnel, a bravé l’adversité brexito-covidesque pour aller voir à Londres deux concerts en hommage au mythique groupe postpunk Swell Maps, autour du très culte Jowe Head. Il nous raconte par le menu cette véritable aventure musicale… et sanitaire en compagnie de musiciens hauts en couleur, dont certains bien connus de nos services. Voici la deuxième partie.
Quitte à aller exprès à Londres, autant rester pour le deuxième concert hommage aux Swell Maps, le samedi 4 décembre. D’autant plus que Jowe Head avait annoncé que le groupe avait préparé suffisamment de titres pour faire deux sets totalement différents.
Si le premier soir était plus axé sur les singles du groupe, et des titres du premier album, le second allait plus piocher dans le second album, des inédits (enfin, connus au sein des anthologies du groupe) et même des hommages à Epic Soundtracks. « Experimentation with a bit of punk rock », nous dira Jowe pour décrire la musique.
J’aurai profité de cette journée pour non seulement aller me faire tester à Londres dans un laboratoire afin d’obtenir le précieux sésame de retour en France, mais également me balader dans Victoria Park, et le quartier d’Hackney. A la sortie de la station London Fields, je me suis retrouvé sur Martello Street où se trouvait jadis l’Industrial Studio de Throbbing Gristle… Aujourd’hui y travaille un dénommé Cos Chapman, guitariste bidouilleur au sein de différents groupes : The Rude Mechanicals, Alternative TV, et avec… Jowe Head ! En effet, il fait parti edu groupe pour le second soir, et était justement au studio pour préparer des petits instruments étranges.
Ces instruments seront testés lors des balances, et celles-ci dureront un peu moins longtemps que la veille étant donné que le matériel était déjà en partie installé…
Lee, le bassiste, me confie qu’il fera un titre à la guitare sur celle de David, une magnifique Gretsch, et qu’il est très excité de pouvoir en jouer. Il faut dire que pour l’avoir entendu lors des répétitions, même non branchée cette guitare électrique sonne très bien !
Avant le concert, j’ai l’occasion de discuter avec quelques membres de l’auditoire, dont un ancien ami de Nikki Sudden, ou bien un manager qui s’occupe notamment de Chuck Prophet qui avait fait des sessions avec Nikki par le passé, et avait au début des années 90 officié au sein de Mute Records aux côtés d’Epic Soundtracks notamment pour les premières rééditions CD des Swell Maps. Je retrouve également quelques personnes vues lors du concert d’Infernal Contraption à Londres en août dernier…
Encore une fois le concert démarre par une improvisation, cette fois pas tirée du répertoire du groupe, mais plus pour rappeler les liens entre le post-punk des Swell Maps et l’improvisation “free”. L’impro est menée par Jasmine Pender et son violoncelle électrique, accompagnée par Jowe Head à la guitare, et Cos Chapman à la guitare Sunn. Arrive ensuite sur scène le batteur Ian Wadley qui interprétera l’obscur “Ghost Train” extrait de la compilation “Train Out of It” mais originellement enregistré pour le LP “Daga Daga Daga” de Epic et Jowe (cet album resté inédit pourrait sortir prochainement).
Pour “Harmony in Your Bathoom”, Ian est cette foisconvié à souffler dans un gobelet pour faire des bruits de bulles. Tous les petits détails des albums sont prévus, et ont demandé de longues minutes de préparation durant les balances, juste pour la beauté du geste !
Gina Birch, des Raincoats, est invitée sur scène pour interpréter plusieurs titres dont “Cake Shop Girl” dont elle porte un T-shirt qu’elle a peint elle-même « Cake Shop Girls are messy », et une reprise d’un 45t d’Epic Soundtracks datant de l’ère Rough Trade : “Jelly Babies”, originellement interprété par Robert Wyatt à l’époque où ce dernier était assez proche du label.
C’est pour une autre rareté, “Bandits One Five”, que Lee McFadden et David Lance Callahan échangent leurs instruments. La partie la plus expérimentale du set arrive ensuite avec l’épique “Big Empty Field”. Le morceau est introduit par la marche des petits robots (“Robot Factory…”). Pour le morceau Jowe demande en fait à chaque musicien de jouer sa partie dans le sens horaire, avant qu’ils jouent tous ensemble. S’en suit un « one more Saturday night » que Jowe chante par-dessus.
L’autre moment phare du concert est la reprise de “She Sleeps Alone” du premier album solo d’Epic Soundtracks, interprété et chanté par la pianiste Lucie Rejchrtova, qui est accompagnée par le groupe dont Jowe faisant des chœurs sur le refrain…
Après le classique “The Helicopter Spies” s’enchaîne le petit solo de piano “A Raincoat’s Room” (tout rapprochement avec Gina Birch ne serait que pure coïncidence…) sur lequel le brouhaha ambiant n’est finalement pas sans émuler les voix qu’on entend sur la version studio du titre.
Le groupe enchaîne finalement directement ce qui était prévu pour le rappel, à savoir comme la veille “Vertical Slum”/”Full Moon in My Pocket”. Mais suit un véritable rappel, qui n’était donc pas initialement prévu, avec trois titres déjà joués la veille sur lesquels se déchainent devant moi Luke Haines, Lee McFadden et son camarade Jon Hodgson le remplaçant à la basse pour le dernier morceau.
Autant dire que ce concert, avec tous ces musiciens si précis, et les différentes ambiances musicales, était sans doute l’un des meilleurs concerts vus cette année 2021 !
Setlist :
- Improvisation
- Ghost Train
- Harmony In Your Bathroom
- Cake Shop Girl
- Jelly Babies
- Bandits 1-5
- Robot Factory / Big Empty Field / One More Saturday Night
- Collision With A Frogman
- She Sleeps Alone
- Whatever Happens Next
- Secret Island
- The Helicopter Spies
- A Raincoat’s Room
- Vertical Slum / Full Moon In My Pocket / Mother Sky / Set The Controls For The Heart Of The Sun / When The Saints Go Marching In
- International Rescue
- Read About Seymour
- Let’s Build A Car
- Don’t Throw Ashtrays At Me
- Midget Submarines