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Track by track – “Loin des terres” par Al-Sarwib

Si la formation suisse Al-Sarwib annonce vouloir mettre au centre de sa musique la notion d’asymétrie (“Sarwib” est l’acronyme de « Superimposed Asymmetric Rhythm With International Bluesguitar« ), ce n’est pas pour autant que celle-ci sonne de manière bancale. Bien au contraire, son deuxième album “Loin des terres”, qui sort ce 10 décembre chez Creaked Records et succède à “Mesa” (2017), a tout d’une passionnante odyssée. En sept titres qui se faufilent entre transes psychédéliques, blues écrasé de soleil et folk fiévreux, le septette subjugue et signe là un immense album, qui trouve sa cohésion dans sa narration. On y suit Louies, qui n’est autre que le fils de Lei, “l’héroïne” du précédent disque. Mais aucun artifice gratuit ici, juste une trame aussi solide que fine, un fil d’Ariane qui nous guide dans l’orage psychédélique de “Positive Louies”, les transes de “Mirage” ou “La Secte des neuf éléphants”, sans oublier des passages plus blues comme “Sur la mer”. Toujours collectif, Al-Sarwib revient sur la création de cet album, et chaque membre du groupe s’exprime !


Sur la mer

« C’est un peu une bande-son de pirates, une ode à l’aventure, où Louies part à la découverte de terres abandonnées en espérant y retrouver des traces de Lei. Un thème héroïque, des tambours tribaux, accompagnés de voix douces qui content le périple tant audacieux que courageux dans lequel Louies va se lancer en traversant cette mer.
“Sur la mer”, c’est aussi l’ouverture de “Loin des terres”, la première couleur donnée à ce nouvel album, cette nouvelle histoire. Ce morceau donne, pour ma part, envie d’être à bord du navire ou du radeau et qui nous emmènera dans divers univers, diverses couleurs. Montez à bord, n’ayez crainte, le voyage commence ! »

Thibaud Gerber, batteur 

La Ville maudite

« C’est la bande-son de la nostalgie du voyage. Tout comme Louies, celui ou celle qui a au moins une fois été sur la route connaît ce sentiment et sait – simplement en fermant les yeux – retrouver les odeurs de la rue, sentir le vent chaud sur son visage, savourer à nouveau ce premier plat pris sur le pouce ou encore reconnaître la démarche du type qui vendait des foulards sur la grande place de la ville. Prenez un instant pour ressentir tout ceci et partagez un bout de chemin avec Louies dans ce dédale mystérieux où tout n’est que nouveauté. »

Arnaud Carnal, guitariste et chanteur

Positive Louies 

« Ce titre est le seul de l’album, avec “Mirage”, qui n’a pas été écrit par Luc Grandemange. Il est le fruit d’une véritable écriture collective, puisqu’il a été progressivement construit lors de répétitions et de jams où le groupe était au complet, à partir d’idées provenant de chacun de nous. C’est probablement la raison pour laquelle son alchimie fait beaucoup penser au premier album, “Mesa”. Rythmes superposés, riffs de guitare imbriqués, des thèmes en majeur et une bonne dose de soleil : les auditeurs de la première heure trouveront peut-être que c’est le morceau qui sonne le plus « Al-Sarwib ». 
L’ne des originalités du groupe est qu’il n’a pas vraiment de chanteur lead, ou plutôt qu’il en a plusieurs : le lead est assumé par un musicien différent selon le morceau. “Positive Louies” met en avant la voix d’Armelle, pianiste et chanteuse de talent qui a rejoint le groupe après le départ de Gilles (piano et voix sur le premier album). Du point de vue narratif, il présente le personnage principal de ce deuxième album, Louies, à la fois positif et négatif (mais ne le sommes-nous pas tous ?). Fils de Lei la fugitive, son grand désir de retrouver sa mère inconnue va l’amener à quitter la ville maudite pour aller se perdre loin des terres… »

Diego Company, guitariste et chanteur

La Secte des neufs éléphants

« C’est la rencontre avec l’une des nombreuses sectes/groupuscules/gangs étranges qui peuplent ce monde post-apocalyptique. Ils sont sur le point de sacrifier Louies mais une silhouette étrange arrive et le sauve, c’est l’entrée d’Alzar le magicien. Le morceau mélange une pulse 6/8 folk médiévale avec un call and response typique du blues. Les deux univers s’affrontent et s’unissent dans une bataille épique et sombre, une sorte de donjon et dragon en mode rock psychédélique ! »

Adrien Guerne, guitariste et gourou du pédalier de basse

L’Armée noire

« “L’Armée Noire”, c’est un peu le morceau badass du set, il représente les forces obscures que Louies doit affronter dans sa quête. Un jour où le band n’était pas au complet et avec la ligne rythmique répétitive de la guitare pour seul squelette, on a posé les bases de ce morceau et j’ai pu y déverser un concentré de mes influences : que ce soit la ligne de basse inspirée du pianiste capverdien Abdullah Ibrahim, aka Dollar Brand, que j’écoutais enfant, ou les ambiances électroniques et harmoniques plus récentes du “Black Star” de David Bowie. Ajoutez à cela le texte scandé par Fabrice à la manière d’un rappeur énervé et le tout donne un morceau aux influences multiples, totalement organique et puissant. »

Armelle Scholl, claviériste et chanteuse

Mirage

« C’est un morceau que j’ai eu la chance de glisser dans le projet.
Une personne orpheline suit les traces de ses origines, s’inventant une mère qui, du haut des étoiles, soulève les opprimés. C’est cette illusion qui la met debout pour traverser ce désert.
J’ai eu la chance de découvrir Tinariwen il y a fort longtemps aux Eurockéennes et j’ai adoré le goût de leur musique. Un jour, j’ai voulu me cuisiner un petit quelque chose de semblable sur ma guitare et j’ai trouvé ça, si agréable à jouer que je l’ai proposé au groupe. J’avais écrit quelques bribes de paroles et j’ai fini de les peaufiner le jour de l’enregistrement. On a ouvert le morceau au milieu pour faire entrer l’auditeur dans les divagations du personnage en incluant le morceau “Fugitive” de l’album “Mesa” qui est justement l’histoire de sa mère. C’est un titre dansant et joyeux sublimé par la guitare blues de Diego. »

Joachim Kaufmann, guitariste et chanteur

Les Terres abandonnées 

« C’est le morceau qui conclut l’album : après tout son périple, Louies va-t-il retrouver Lei ? On pourrait le penser mais une ultime épreuve pourrait bien en décider autrement…
C’est en tout cas ce qu’évoque l’ambiance des “Terres abandonnées”, avec un début calme mais utilisant un rythme asymétrique superposé à une ligne de basse funky soutenu par un riff de synthé modulaire – la suite du morceau bascule vers un riff plus nerveux et répétitif qui laissera place à des ambiances drones-dark. 
Finalement, l’issue de l’histoire de Louies est laissée ouverte à l’interprétation de l’auditeur(trice)… »

Adrien Guerne


Le disque peut être écouté et commandé via Bandcamp et le player ci-dessous.

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