Madeline Johnston a cherché sa vérité intérieure pendant le confinement. Il en résulte un disque à la fois intense et intime, entre chant recueilli et sonorités saturées.
Sur “Forever”, sorti l’an dernier, Madeline Johnston exprimait son deuil à travers une musique poignante qui semblait se refermer sur elle-même. Un disque cathartique, reflétant une période précise de la vie de son auteure. Un instantané douloureux et sublime à la fois. Cette année, elle nous a offert “Luminol”, troisième acte de son projet Midwife. Et si le disque fut écrit pendant le confinement, son message transperce les murs de sa conception. Épaulé par des membres de DIIV et Have a Nice Life, Madeline Johnston n’a, semble-t-il, pas (encore) trouvé la lumière, mais elle s’exprime universellement et avec force.
Les extrêmes de son “heaven metal” sont plus appuyés. La musique est plus immersive, plus lourde et riche de textures. Elle se veut d’une certaine manière plus accessible avec un sens mélodique plus présent. Elle ne répond plus à un événement personnel mais à une époque. Il est question d’enfermement, de solitude, d’automutilation mais au delà, c’est une recherche de soi, de la vérité. C’est d’ailleurs dans ce but qu’est utilisé le Luminol en criminologie. Pour Johnston, c’est une manière de gratter les plaies qui tardent à cicatriser, dans l’espoir de les faire disparaître.
Pas de longs discours, l’artiste opte pour la répétition. Quelques phrases, qu’elle répète en boucle, avec de plus en plus d’intensité et de conviction. Comme ce « And it feels like heaven is so far away » (sur le morceau “2020”), qui gronde à mesure que les nappes saturées prennent de l’ampleur. Et lorsqu’elle conclut “Promise Ring” par un « Love will break your heart forever », c’est un peu comme si elle s’assurait que le message résonne pour l’éternité.