Deuxième album solo du belgo-catalan machiniste.
Et maintenant il chante (encore plus) ! Après une introduction qu’on prendra comme un discret hommage à Terry Riley, “Pulse on E”, un chant, vocodé, en espagnol, s’élève : c’est “DX7”. Robots après tout ? On nous a déjà fait le coup…
“Music for Prophet” était un exercice de style centré autour des possibilités d’un instrument mythique, et pourtant l’album avait sa personnalité propre, évitait la démo rusée d’un interprète matois. Fort de ce succès critique et public, Marc Melià s’ouvre à d’autres possibles, toujours en flirtant avec des sonorités électroniques passées et en empilant les motifs, mais il donne de l’air à tout ça. On sent bien qu’il ne s’agit pas de réitérer le surprenant exploit, sensible, de “Songs for Prophet”, ni de de surfer sur cette vague.
En cela, “Veus” est plus organique et insiste sur le côté charnel, biologique de la musique. Le titre “Oxitocines” vient de l’hormone ocytocine produite en lien aux relations amoureuses et à la confiance. En cela, la musique, très happy tek, rappelle d’autres montées de substances.
Plutôt que les adjuvants chimiques, Marc Melià fait confiance à l’humain, à la voix humaine, la sienne et celles des autres. On lève la tête vers “Les Etoiles” avec le comparse Flavien Berger et l’enjôleuse PI Ja Ma pour une invitation à des plaisirs partagés… Cela rappelle d’autres aventures mystico-sexuelles, de Michel Houellebecq (le chanteur-parolier) ou encore de Sébastien Tellier.
Plus terre à terre, “Une ferme dans les Vosges” se fait plus bucolique avec l’aide de ce qui nous semble être une guitare traitée. Là encore, il s’agit de faire entrer de l’air, des silences, des micros événements dans un phénomène rythmique qui ne sera qu’à peine ébauché.
C’est l’explosion des formats qui domine dans tout “Veus”, d’où une impression de vie propre aux morceaux, rêveurs toujours, lumineux partout.
Dernièrement, on avait apprécié sa touche élégante sur l’album de Françoiz Breut (“Flux flou de la foule”) ou plus loin encore sur le dernier double album de Le Ton Mité (“Passé Composé Futur Conditionnel”), on avait adoré se fondre dans ses compositions de mathématiques modernes (“Songs for Prophet”). On constate cette fois qu’il sait aussi donner vie à des créatures musicales attachantes, des miniformes de vie éphémères et s’impose comme l’un de nos compagnons de route de prédilection, dont on suit avec délectation chaque nouvelle borne.
Avec l’aide de Johanna, rang d’ornières.
“Veus” sort le 15 octobre sur Pan European Recordings.
Pulse on E
Dent de Serra
Une ferme dans les Vosges
Oxitocines
Final d’Hivern
Les Etoiles (Avec Flavien Berger et Pi Ja Ma)
A propos d’une chanson (For Anderson)
Romain
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