Sous son nom ou celui de Pol Dodu, on lui dit doit des livres érudits et très personnels sur les TV Personalities, Felt (depuis Reims, il fut le correspondant officieux du label Creation en France dans les années 80), Lewis Furey, Georges Jouvin (!), ou encore sur sa propre collection de disques improbables, souvent dénichés chez Emmaüs ou dans des vide-greniers. Dans son nouvel ouvrage publié à compte d’auteur (disponible gratuitement en PDF et en version imprimée contre 11 euros frais de port inclus), JC Brouchard se penche sur un autre artiste majeur, pour lui et pour nous : le merveilleux Jonathan Richman, pourvoyeur depuis 50 ans de chansons simples et belles, tantôt drôles et tantôt émouvantes, souvent les deux à la fois. L’Américian a eu 70 ans le 16 mai dernier, il était donc temps d’écumer sa riche discographie (avec les formations successives des Modern Lovers puis en solo) pour en tirer une trentaine de morceaux, incontournables (“Roadrunner“, “The Morning of Our Lives”, “That Summer Feeling”…) ou moins connus. L’occasion pour JC Brouchard d’aller chercher pour nous sur YouTube des extraits de concerts, des passages télé ou un épisode du formidable show d’Andrew Bird réalisé pour Internet. Nous joignons à cette sélection notre propre playlist (audio) de 35 titres studio ou live, en fin d’article.
JC Brouchard : « Il n’existe aucun vidéo clip d’une chanson de Jonathan Richman. C’est assez logique car, si on a eu l’occasion de vivre l’un de ses concerts, on se doute bien qu’il préfère l’instantané et l’échange avec le public à la mise en conserve d’un moceau. Du coup, les images animées les plus connues de lui sont sûrement celles de ses multiples apparitions avec le batteur Tommy Larkins en 1998 dans le désopilant film “Mary à tout prix”. Et ce d’autant que, si l’album live de 1977 réussit très bien à rendre l’atmosphère des concerts, le DVD “Take Me to the Plaza” déçoit quelque peu, car on n’y retrouve ni l’énergie ni la joie qui caractérisent le plus souvent ses prestations.
Cette sélection en ordre chronologique fait donc la part belle aux extraits de concert et aux émissions de télévision en direct. De quoi passer un très bon moment dans l’attente de peut-être revoir Jonathan Richman en concert en Europe. Sinon, on pourra se rendre (si c’est autorisé) cet automne aux États-Unis, où la tournée en double affiche avec Bonnie “Prince” Billy interrompue en mars 2020 par la pandémie de Covid va reprendre. »
Emission “TopPop Special” (16 septembre 1978)
« Une émission spéciale avec ce qui est probablement l’une des dernières prestations de cette formation des Modern Lovers avant sa séparation.
J’ai découvert Jonathan Richman avec les disques enregistrés par cette version du groupe (“Back in Your Life”, “Rock ‘n’ roll with The Modern Lovers”, “Modern Lovers live !”). Ce document est inestimable, avec des grands succès du moment et deux de mes chansons préférées alors encore inédites sur disque, “Abdul and Cleopatra” et “Affection”.
Les trois musiciens qui constituaient les Modern Lovers ce jour-là sont aujourd’hui tous décédés. »
Emission “Chorus” (1979)
« A l’époque, je regardais l’émission “Chorus” quasiment tous les dimanches midi. Pour ce qui est de cette prestation en solo de 1979, dont je ne garde aucun souvenir, soit je l’ai ratée, soit elle ne m’a pas du tout marqué et ne m’a pas intéressé, contrairement à celles de Devo, Costello XTC ou Magazine. Et la deuxième hypothèse n’est pas la moins probable…
Ce live très rock’n’roll contient notamment une belle version de “Back in Your Life”. »
Emission “Houba Houba” (1982)
« Cette autre émission d’Antoine de Caunes, je suis bien sûr de l’avoir ratée au moment de sa diffusion, car à ce moment j’avais commencé à m’intéresser à sa musique et j’aurais été marqué par ce Richman période bleue et fleurie, avec l’inédit “Tahitian Hop”, et – chouette, encore ! – “Abdul and Cleopatra”. »
“That Summer Feeling” en Australie (1983)
« Ce jour-là, Jonathan Richman et John Cale, le premier producteur des Modern Lovers, se sont retrouvés au bout du monde sur le même plateau télé. En solo et en acoustique, Jonathan interprète une version de “That Summer Feeling” pleine d’émotion et d’écho. »
“I’m a Little Dinosaur” (1984 ou 1985 ?)
« Sur la compilation vidéo “Not Television” publiée par Rough Trade en 1986 et présentée par Ivor Cutler, on trouve cette version en concert de “I’m a Little Dinosaur”, qui doit dater de 1984 ou 1985. Jonathan passe les trois quarts de la chanson à quatre pattes et il chante les neuf dixièmes du temps sans micro, mais ça fonctionne très bien et le public est à fond. »
Live en Espagne (1986)
« Cette émission avec des extraits de concert date de 1986, et non de 1984 comme indiqué sur YouTube.
Pour cette tournée, les Modern Lovers étaient constitués d’Andy Paley et Brennan Totten à la guitare acoustique (pouvant servir de percussion) et aux chœurs. Et l’étonnant, c’est que Jonathan jouait non pas de la guitare mais du saxophone. L’ensemble donne un rock’n’roll des plus basiques. Je crois que cette tournée est passée par Toulouse et peut-être ailleurs en France, mais malheureusement le concert du 21 avril 1986 à l’Eldorado de Paris, auquel je devais assister, a été annulé à la dernière minute. »
Emission “Late Night with Conan O’ Brien” (mai 1994)
« Pendant les années 1990, Jonathan Richman a régulièrement été invité dans cette émission de télévision américaine, ce qui lui a probablement permis de toucher un nouveau public. Il y a notamment interprété “I Was Dancing in the Lesbian Bar” et “Let Her Go into the Darkness”, mais j’ai choisi cet extrait où il joue en solo “You’re Crazy for Taking the Bus”, une chanson de l’album “Jonathan Goes Country”, avant d’accompagner l’actrice et humoriste Julia Sweeney pour une chanson inédite hilarante, “Roberto the Trainer”. »
Emission “Later with Jools Holland” (1994)
« Jarvis Cocker a expliqué récemment que regarder cette interprétation de “Now Is Better than Before” lui mettait la larme à l’œil. Il y a de quoi. »
Concert à Mosswood Park, Oakland (5 juillet 2015)
« En concert, après avoir quitté la scène pour s’installer au milieu du public, Jonathan Richman règle quelques problèmes de support de micro avant de s’attaquer à “When We Refuse to Suffer », accompagné par son batteur de confiance, Tommy Larkins. On trouve ici la même performance sous un autre angle et avec un son moins bon, mais avec en plus “That Summer Feeling”. »
“Andrew Bird’s Live from the Great Room” (7 septembre 2017)
« Sur un canapé, Andrew Bird et Jonathan Richman discutent et jouent, ensemble ou séparément.
Une heure passionnante à passer en compagnie de deux musiciens accomplis. »