Avec son folk dépouillé d’une beauté à couper le souffle, la jeune Australienne Maple Glider installe, sur son premier album, une ambiance intimiste saisissante, qui va directement droit au cœur.
Une voix diaphane apparaît délicatement, quelques notes de piano l’accompagnent doucement quand, surtout, l’espace et le silence autour créent une vertigineuse sensation d’apesanteur. La batterie et la guitare acoustique qui arrivent ensuite nous confortent dans cette idée : nous venons d’entrer au paradis. En réalité, vient seulement de débuter le premier album de Maple Glider. Nouvelle venue sur la scène internationale, la séduction dégagée par cette chanteuse est immédiate, dès les premières minutes de cet album.
De son vrai nom Tori Zietsch, cette jeune Australienne originaire de Melbourne faisait auparavant partie du duo Seavera. Après la dissolution de celui-ci en 2018 et son déménagement à Brighton, c’est dans cette station balnéaire anglaise qu’elle a commencé à travailler sur ses chansons en solo, s’inspirant de sa vie personnelle, de sa stricte éducation religieuse, de ses histoires d’amour et aussi des nombreux voyages en solitaire qu’elle a pu effectuer durant cette période. Cette expérience de la solitude l’a entraînée dans une véritable introspection alimentant ses chansons. Puis, elle est finalement rentrée à Melbourne à la fin de l’année 2019, pour travailler avec le producteur Tom Iansek (Big Scary, #1 Dads) sur les morceaux qu’elle avait composés.
Cela donne un magnifique album, le premier qu’elle sort donc sous le nom de Maple Glider. Un disque qui touche souvent au sublime, comme sur “As Tradition”, le morceau d’ouverture déjà évoqué, un modèle de simplicité et de pureté profondément touchant, avec notamment ce motif au piano que l’on retrouve quasiment tout le long de la chanson. La simplicité et l’épure sont vraiment de mise sur ce disque à l’instrumentation très minimaliste, centrée sur le piano et la guitare acoustique. Mais l’effet produit s’avère complètement renversant. A l’écoute de cet album, il n’est pas rare de frôler l’extase, en particulier sur “Swimming”, deuxième titre au rythme lent et gracieux et aux arrangements simples et délicats, une ballade lascive et hypnotique littéralement bouleversante.
Par la suite, sur des chansons telles que “View from This Side”, “Friend” ou encore “Be Mean, It’s Kinder Than Crying”, la désarmante simplicité de la musique et de sa voix pure et sans affect renforce la proximité ressentie, comme si la chanteuse nous tenait compagnie, de manière indolente voire langoureuse, mais toujours pleine d’élégance et de majesté, avec sa voix souvent doublée et la présence occasionnelle des chœurs discrets de Tom Iansek en arrière-plan. Au milieu de l’album, “Good Thing” est d’une beauté à couper le souffle, un morceau où le temps semble suspendu. La musique, qui démarre très simplement en guitare-voix, s’étoffe peu à peu avant de redescendre progressivement et de se terminer tel un murmure. Les frissons alors ressentis marquent durablement. C’est le cas également sur “Baby Tiger”, le titre suivant qui, encore une fois, laisse de l’espace au sein de la musique, pour un effet toujours aussi touchant.
L’album se clôt sur “Mama It’s Christmas” où, sur quelques petits arpèges de guitare, Maple Glider évoque une histoire familiale de manière simple et sincère. Comme pour la musique, les paroles, qui explorent souvent des thèmes intimes, se révèlent très simples, principalement axées sur le thème éternel de l’amour, qu’elles énoncent des généralités (“Love is just a word I have learned I may use at my own expense”, première phrase de la première chanson “As Tradition”, en bonne place dans le classement des phrases définitives sur l’amour) ou évoquent, de manière déchirante, des histoires plus personnelles (“I almost fell apart when you looked straight at my heart” sur “Swimming”). Paroles et musique sont donc ici de grands vecteurs d’émotions.
Quand se termine cet album, on ressort profondément marqué par ce qu’on vient d’entendre, certain de ne pas l’oublier de sitôt. Ce folk à la beauté dépouillée est allé à l’essentiel, tout simplement droit au cœur, procurant une sensation de bien-être infini qui ne demande qu’à être vécue à nouveau. D’ailleurs, on y retourne de ce pas.
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