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Disques

Teenage Fanclub – Endless Arcade

Les Teenage Fanclub en connaissent un rayon en arcanes de la pop song parfaite. “Endless Arcade”, vieilli en fût de chêne, est de saveur corsée et fruitée. La maturité leur va si bien.

Je dois sans doute vieillir, car après avoir tant pourri le “Here” de 2016 (enfin… relativement), je me passionne pour cet “Endless Arcade”. Et pourtant, on peut difficilement parler d’un renouvellement. On est toujours dans cette bonne vieille zone de confort dans laquelle le Papy Fanclub s’est glissé comme dans ses charentaises depuis deux, trois albums. Adieux les aspérités, les sons gras d’une jeunesse sonique qui semblait n’en plus finir. Nos Écossais préférés avaient pris la ligne claire d’une pop puissante mais calmée, puisant dans les accords harmonieux de voix et de guitares et ça nous allait bien comme ça. Après les énormes “Howdy” (2000) et “Man Made” (2005), Teenage Fanclub se faisait apaisé avec des “Shadows” (2010) plus que douces. Mais “Here” sentait un peu l’empâtement. Nos gaillards se sont séparés de Gerard Love, remplacé (vraiment ?) par Euros Childs aux claviers et… attention blasphème !, c’est pas si mal. Et, surtout, le principe de l’hydre à trois voix reste préservé.

On voit dès cet “Home” inaugural qu’on est toujours en présence d’une prodigieuse machine pop. On joue assis, certes, on détourne le regard d’une calvitie par un savant foulard, mais, surtout, ça tourne à fond, bien loin du ronron auquel on pourrait s’attendre. On est chez nous, comme disent les jeunes de droite, et c’est parfait. Malignement, la chanson s’installe… et se déploie sur plus de sept minutes avec cette science consommée du solo de guitare anti-démonstratif, ces claviers riches dans ce qui ressemble à un bœuf capturé sur l’instant. Et on a envie d’y croire.

Le plaisir d’être ensemble, d’accorder les voix et écritures différentes, bref de se retrouver, est palpable et cette alchimie partagée avec nous fonctionne toujours.

Étrangement, cette communion se fait sans doute au détriment d’événements plus douloureux. Le tout sucre tout miel des enregistrements précédents se fait un peu amer, et il se pourrait qu’il y ait de la rupture dans l’air (“The Sun Won’t Shine on Me”). C’est encore globalement la lune de miel prolongée pour la plupart (“I’m More Inclined”, “Living With You”) mais il y a quelques ombres aux tableaux musicaux.

Teenage Fanclub chante l’amour, après tout quoi d’autre ?, et le fait divinement car, on le sait depuis quelques lustres, Orphée est écossais.

Allez, “Endless Arcade” est simplement parfait. 

Avec l’aide de Johanna D, Écossaise de souche rebouturée.

Endless Arcade” est sorti le 30 avril 2021 chez Merge Records.

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