Inspirés par les foires et fêtes foraines de leur enfance, les membres de The Coral publient un double album contenant ballades pop-folk et titres plus arrangés suscitant un certain ennui, au regard de leurs faits de gloire passés.
Hérauts d’une belle pop mélodieuse et ouvragée, souvent prompte à s’aventurer en des territoires kraut ou pysché, les Anglais de The Coral sortent un nouvel album, trois ans après le très convaincant “Move Through the Dawn”. Pour concevoir ce nouveau disque, les membres du groupe ont convoqué leurs souvenirs d’enfance, se remémorant les étés passés au milieu de différentes foires ou fêtes foraines, dans des stations balnéaires telles que Rhyl ou Blackpool, imaginant les histoires pouvant s’y dérouler, fantasmant la vie des personnages occupant ces lieux.
Cette imagination débordante a permis la réalisation d’un double album se déroulant sur Coral Island, une île imaginaire accueillant diverses attractions durant l’été. Le premier disque de ce dixième album de The Coral est, en quelque sorte, la bande-son de toute l’animation estivale qu’il peut y avoir sur l’île, quand le second évoque les vies solitaires des personnages habitant l’île durant l’hiver, quand les touristes sont partis. Pour relater les petites histoires se déroulant en ces lieux, James et Ian Skelly, chanteur et batteur du groupe, ont sollicité Ian Murray, leur grand-père de 85 ans, qui joue le rôle du Great Muriarty, un guide touristique intervenant régulièrement entre les chansons. Les textes du Great Muriarty sont écrits par Nick Power, le claviériste du groupe qui, en même temps que l’album, sort également “Over Coral Island”, un livre (dont les illustrations sont réalisées par Ian Skelly) autour des personnages de Coral Island et des thèmes des chansons.
Une telle originalité, un tel foisonnement d’idées, tout cela laissait présager un album d’une grande richesse, pouvant amplement satisfaire nos oreilles attirées par le programme annoncé. Qui plus est, connaissant la carrière des Liverpuldiens qui, en bien des occasions, ont su nous ravir au plus haut point, on pouvait s’attendre à un album de haute tenue. Au lieu de ça, nous avons droit à une succession de ballades pop-folk plutôt sympathiques et agréables mais guère transcendantes. C’est le cas dès le tout début de l’album avec “Lover Undiscovered”, pop song bien rythmée, un peu sixties avec son petit solo de guitare acide, mais qui ne décolle jamais vraiment. Par la suite, que ce soit avec “Change Your Mind” ou “Vacancy”, de la même manière, le groupe nous propose des chansons accessibles, au refrain souvent fédérateur, mais qui finissent rapidement par nous ennuyer.
L’album contient également des titres plus orchestrés, en particulier sur le deuxième disque, notamment “Golden Age”, morceau à l’ambiance de foire avec son rythme à la fois métronomique et tournoyant mais, encore une fois, l’auditeur est loin d’être retourné par ce qu’il entend. Sans que cela soit jamais inaudible, le pire est quand même atteint avec “Summertime”, pastiche des Beatles où les harmonies vocales sont calquées sur celles de leurs glorieux ancêtres, et “The Calico Girl”, ballade gentillette à la Donovan. Etant donné ce que The Coral a pu nous fournir par le passé, il y a de quoi rester pantois devant ces deux titres. On finira heureusement par dénicher sur l’album deux perles à l’éclat suffisant pour susciter un réel intérêt : “Mist on the River”, avec ses belles harmonies vocales (tout à fait estimables cette fois-ci) et ses arrangements élégants, et “Autumn Has Come”, ballade country simple et touchante.
Tout le monde conviendra que deux chansons, aussi avenantes soient-elles, ne peuvent sauver un album entier, surtout quand celui-ci est double. Encore une fois, cet opus n’héberge aucun titre inécoutable, l’ensemble est même relativement sympathique. Mais, si on le compare à ce que The Coral a pu nous servir depuis près de vingt ans, le compte n’y est clairement pas. Cependant, connaissant justement les capacités de ce quintette, nous savons qu’il peut beaucoup mieux faire. Et nous croyons même, avec une quasi-certitude, qu’il fera mieux dans l’avenir.
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