Retour solitaire et plus libre que jamais de Frànçois Marry, entre félicité et mélancolie lumineuse.
Polyglotte, vagabond sans stress, presque mélancolique : c’est l’entrée en matière que Frànçois Marry propose sur ce nouveau disque avec “The Foreigner”, qui dresse des ponts entre l’avant et le maintenant, quelque part entre une errance folk et un soupçon de pop, le tout dans plusieurs langues. S’il a fallu quatre ans au Français pour donner une suite à “Solide mirage”, ce ne fut pas du temps perdu. Plusieurs indices tout au long du disque marquent les changements dans la vie du musicien, ces temps de passage, de transition, de rêverie aussi. “Banane bleue” peut ainsi sembler un peu décousu, assemblage de chansons écrites à différents moments, dans différents lieux (Athènes, Paris, Berlin), mais cela en sert le propos, offrant un kaléidoscope de ces années-là, avec des titres tantôt pop, tantôt folk, ou parfois plus étranges et inclassables.
Il y a ainsi des singles qui rentrent en tête instantanément (l’excellent “Coucou”, salement irrésistible), sur fond d’incompréhension entre deux personnes qui se sont aimées, l’énergique “Julie” ou le mélancolique “Revu” (sans doute un des plus beaux titres de François Marry). A chaque fois, l’auteur se met à hauteur d’homme, dans ces relations qui se distendent, faisant glisser le disque dans le champ intime, tel un joli carnet de voyages. Frànçois se promène, nous emmène observer l’océan et les surfeuses qui prennent les vagues (“Lee-Ann & Lucie”, cotonneux à souhait), nous fait embarquer “Dans un taxi” en nous plongeant dans l’introspection, mais sait aussi se montrer léger sur “Tourne autour” et ses atours 80’s, voire chatoyant sur “Holly Golightly”. Sans jamais rien sacrifier à sa générosité (les arrangements sont élégants et plus riches qu’ils ne semblent au premier abord), Frànçois reste toujours surprenant, sans attaches bien précises et pourtant terriblement attachant, avec cette “Banane bleue” à savourer sans modération.