En provenance de la région lyonnaise, Gloria invoque le Jefferson Airplaine avec une pop 60’s digne de l’archimagie.
Est-ce que les trois chanteuses de Gloria ont déambulé dans les escaliers de la Croix-Rousse avant d’enregistrer leurs voix sur leur nouvel album, “Sabbat Matters” ? Nous ne le saurons pas, mais la provenance de ce disque aux velléités lysergiques, enregistré dans la région Rhône-Alpes, a titillé notre curiosité sous l’impulsion d’une ligne de basse particulièrement mélodique entendue dès ses premières notes. Une nouvelle variation de la pop 60’s que nous propose l’éminent label Howling Bananas Records, un recueil de compositions hallucinatoires, idéal pour accompagner les premiers signes de l’Ostara.
Il n’aura pas échappé aux connaisseurs de l’argot anglais que l’expression “Jefferson Airplane” fait référence à l’utilisation d’une allumette pour tenir les restes d’un vieux joint afin de ne pas se brûler les doigts. On ne sait toujours pas si l’expression a inspiré le groupe du même nom mais on est en droit de se demander si la pochette de “Sabbat Matters” n’y fait pas inconsciemment référence avec cette cigarette qui semble procurer quelques étranges effets. Une forme de psychédélisme que l’on doit à l’illustratrice Nicole Claveloux, dont on recommandera instantanément la bande dessinée “La Main verte”, rééditée il y a deux ans aux éditions Cornélius.
“Sabbat Matters” s’ouvre sur une phrase de clavier analogique, une basse qui claque comme un coup de fouet, un petit riff de guitare électrique qui laissent la place aux trois chanteuses de Gloria. Elles psalmodient leurs incantations intemporelles, invoquant autant le rock psychédélique des années 60 – le trip d’acide en moins, probablement – qu’une certaine idée de la pop classieuse. En 45 minutes, Gloria connecte la vallée du Rhône avec Laurel Canyon dans un folklore qui évoque autant les choeurs de Signe Anderson que l’errance occulte du Grateful Dead.
Depuis quelques années qu’on surveille les différentes scènes musicales lyonnaises, on avait plutôt l’habitude d’entendre du post-punk noise et underground, dans son élément à l’Epicerie Moderne de Feyzin, plutôt que du freakbeat débraillé, porté par des voix magnifiques dignes des Shangri-Las. Avec “Sabbat Matters”, Gloria nous livre un disque remarquable dont la forme ambitieuse donne envie de voire et entendre cette musique sur scène, vite, si possible.