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Lost Horizons – In Quiet Moments

Nous croyions qu’il s’agissait d’un one shot, d’un coup d’un soir, et puis non, Lost Horizons a remis le couvert. Près de quatre ans après “Ojalá”, le super-groupe anglais revient avec “In Quiet Moments”, un album élégant, hors du temps, loin des modes et tendances du moment, tout en restant moderne.

Derrière ces « horizons perdus » se cachent deux hommes : Simon Raymonde, bassiste des regrettés Cocteau Twins et fondateur du label Bella Union (Mercury Rev, Beach House, Father John Misty, Midlake, Laura Veirs…), et Richard Thomas, saxophoniste et batteur de Dif Juz, un étonnant groupe de post-punk instrumental des eighties. Lost Horizons mérite son titre de super-groupe, surtout avec l’impressionnante liste d’invités venus poser leur voix sur les compositions du duo : un savant mélange de talents confirmés ou parfois oubliés, d’artistes méconnus de ce côté de la Manche et de jeunes pousses à suivre de près. “In Quiet Moments” démarre fort avec le groupe Penelope Isles qui oublie ses guitares sauvages pour donner à ce “Halycon” des faux-airs de Beach House. Suivent The Hempolics qui, eux, mettent de côté leur reggae-dub pour insuffler un groove, une soul puis un jazz imparables sur “I Woke Up With an Open Heart”. Puis arrive la surprise du chef : Tim Smith, chanteur quasiment porté disparu depuis son départ de Midlake en 2012 (une apparition ici sur le premier Lost Horizons, là sur le “Ghost Surfer” de Cascadeur). Et c’est une émotion rare qui nous saisit à la réécoute de cette voix qui nous est si chère, sur un des sommets de l’album.

Seize titres pour seize invités triés sur le volet. Nous citerons aussi l’Irlandaise Gemma Dunleavy (déjà entendue sur “Ojalá”) sur un “Linger” impossible à dater. Ou la voix déprimée mais rageuse de Dana Marcolin des Porridge Radio sur “One for Regret”, avec sa guitare et sa batterie folles. Puis, plus loin, ce sera John Grant sur le planant “Cordelia” ou encore Ural Thomas, légende de la soul avec sa voix toujours haut perché et limpide malgré ses 82 printemps !

Il faut l’avouer, cet aréopage d’invités aux profils très divers pourrait nuire à l’homogénéité de l’album. Pourtant, Lost Horizons parvient à tisser un fil rouge entre chacun des titres. Les deux zigs ont composé les morceaux et les ont envoyés à leurs invités avec une thématique à suivre – la mort et la renaissance – et une règle : faites-vous plaisir !

Cette démarche est comparable à celle menée par Mercury Rev en 2019 sur son hommage à Bobbie Gentry, icône de la country américaine, en reprenant les onze titres de l’album “The Delta Sweete” avec onze invitées de prestige comme Hope Sandoval. Un hommage qui aurait dû rester confidentiel mais qui a connu une large diffusion grâce à l’insistance d’un certain… Simon Raymonde ! Si ce dernier est le cerveau de Lost Horizons, Richard Thomas en est bien les bras. D’une précision dingue derrière les fûts, avec un jeu remarquable, il est le ciment qui lie tous les morceaux et donne une certaine cohérence à “In Quiet Moments” et évite le côté patchwork au disque.

En fin de compte, “In Quiet Moments” est un album loin des tendances et du bruit de la coolitude. Élégant et moderne dans ses choix et pourtant hors du temps par son style, ce recueil, malgré quelques coups de mou dans sa deuxième moiti », est une réussite. Il navigue entre compositions éthérées comme Cocteau Twins savait en écrire, soul, groove, jazz, et pourrait sonner comme la bande originale d’une nouvelle saison de Twin Peaks. À l’image de la jeune femme sur la superbe pochette (qui rappelle autant “Get Yer Ya-ya’s Out!” des Stones que “The Best Day” de Thurston Moore), la musique de Lost Horizons semble planer au-dessus du monde, aérienne et insouciante.

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