Dans la chronologie, 13 titres remarquables dans la discographie de Still Corners. En toute subjectivité !
Signé chez Sub Pop sur la foi d’une poignée de singles, le duo anglo-américain a évolué de la synth-wave à une dream pop “western” qui fantasme l’Amérique des grands espaces. Un parcours jalonné de succès et de titres qui embarquent l’imaginaire.
L’histoire raconte que Tessa Murray & Greg Hughes se sont rencontrés en 2007 sur le quai d’une gare, dans le sud de Londres. Un bien joli récit. Elle, anglaise, se rend à une répétition de chorale. Lui, américain, expatrié en Grande-Bretagne pour vivre de la musique. Chez Tessa, Greg trouve la voix d’air qui va à ravir à une pop psyché/éthérée.
Le duo pioche son patronyme dans le poème de Robert Frost “New Hampshire” : « Still Corners, so called not because the place is silent all day long, nor yet because it boasts a whisky still — because it set out once to be a city and still is only corners, crossroads in a wood », dit le poète. Tessa et Greg se voient comme une petite localité paumée et sans âme. Pour autant, en une poignée de singles, Still Corners séduit le label Sub Pop qui lui donne les moyens d’un premier album, “Creatures of an Hour” (2011).
“The Trip”, gros succès de Still Corners en 2013.
Au commencement, les chansons de Still Corners baignent dans la réverbération et quelques effets de manche sophistiqués. On songe à Broadcast, The Paisley Underground ou Cocteau Twins, période “Heaven Or Las Vegas”.
Avec “Strange Pleasures” en 2013, second album chez Sub Pop avant de voler de leurs propres ailes, Tessa Murray et Greg Hughes se montrent davantage offensifs, forts de séquenceurs et d’un son plus glacé délibérément emprunté aux années 1980. Vangelis et la new wave française sont cités – notons qu’il n’est pas si courant que la new wave d’ici soit en odeur de sainteté outre-Manche. La “dream pop” à l’œuvre sur le titre “The Trip” – NB : tous les morceaux de Still Corners pourraient s’appeler “The Trip” – consiste en une belle idylle entre la guitare claire et le synthé planant. Résultat : plusieurs millions d’écoutes et de vues pour une vidéo qui titille la nostalgie, à base d’images d’archives.
Quand sort le bien nommé « Dead Blue” en 2016, le duo qui vit sur la Riviera anglaise semble en revanche à bout de souffle. La mer, ça use, et la créativité paraît en berne (nul titre de cet album ne sera sauvé des eaux dans la playlist ci-dessous).
“Dreamlands’, extrait de l’album “Slow Air” (2018). Le virage américain de Still Corners évoque Galaxie 500, mais aussi une certaine pop néo-zélandaise.
La suite de l’aventure s’apparente à la conquête de l’Ouest américain. Tessa et Greg déménagent à Austin (Texas), et leur musique épouse le mouvement. Still Corners fomente alors une forme de “pop western” et/ou un folk atmosphérique raffiné (on songe parfois à Mazzy Star). Sur les albums “Slow Air” (2018) et “The Last Exit” (2021), la guitare prend le dessus, la batterie trace de longues lignes droites façon “highway”. Tessa chante le désert, les routes que l’on emprunte comme une initiation, pour le grand frisson du départ ou pour questionner son désir. Le “trip”, encore et toujours.
“White Sands” (2021), une ligne droite et claire à travers le désert.
Ainsi, “The Last Exit” peut s’écouter comme le deuxième volet du diptyque américain de Still Corners. L’album qui devait paraître en 2020 a bénéficié du fignolage que le confinement a rendu possible. Le son soigné – très soigné – procure à tel ou tel titre l’évidence d’un classique. Au risque de verser dans le “middle of the road”… Mais en fin de compte, le duo préserve le charme de la pop : une capacité à captiver l’auditeur pendant trois minutes, jusqu’à ce que la bulle de savon vole en éclats. Pour autant, Still Corners a un petit goût de revenez-y.
Cuckoo (1)
The Twillight Hour (1)
The Trip (2)
Midnight Drive (2)
In the Middle of the Night (3)
The Message (3)
Black Lagoon (3)
Dreamlands (3)
The Last Exit (4)
Crying (4)
White Sands (4)
Mystery Road (4)
Static (4)
(1) Creatures of An Hour (2011)
(2) Strange Pleasures (2013)
(3) Slow Air (2018)
(4) The Last Exit (2021)
#Nuage de groupes : Beach House, Broadcast, Chromatics, Cocteau Twins, Mazzy Star, Stereolab, Paisley Underground, Seapony…