On entre dans le nouveau disque de Mike Wexler comme on s’aventure dans un jardin. On passe la grille, on longe le petit muret, il y a un ballon qui traîne dans l’herbe et le vent souffle dans les arbres. Tout est suspendu et lumineux, comme cette phrase tout en cordes pincées entendue en ouverture de ce disque, sur “Wildfire”. Quelques notes claires qui viennent en contrepoint du cérébral “Syntropy” – le précédent disque de Mike Wexler – pour nous proposer un musique plus directe, plus proche du folk-rock anglais des années 70, même si on y sent certaines inspirations liées à notre époque. Des mélodies introspectives qui invoquent en plein jour les fantômes anxieux de ces cinq dernières années.
Le disque s’ouvre sur une guitare boisée et se referme sur les mélodies optimistes de “Flying Islands”. Entre les deux, on savoure la basse souple de “Last Shadows Fall”, tout en évocation des lignes acidulées de Danny Thompson, on se réchauffe avec les arrangements apaisants de “In the Light” et on se repose tranquillement avec le folk-jazz discret de “Autonomy”. Il y a dans ces titres beaucoup de mouvements cristallins, de mélancolie bien ancrée dans le XXIe siècle et de compositions discrètes. Un écho positif que l’on ressortira régulièrement pour se prémunir du cynisme actuel.
Mais si les titres de Mike Wexler sont ancrés dans notre quotidien, ils savent prendre de la hauteur sur ces quelques tracasseries avec quelques notes de piano. Voilà encore un disque que l’on gardera pour ces matins gris où le cataclysme sanitaire nous pousse, une fois de plus, à trouver une musique qui rayonne doucement dans les multiples variations de notre salon. Des cordes pincées sur une guitare, un chant lunaire, une basse prognathe, ça aide à tenir le coup avant de reprendre l’histoire de nos vies distanciées. Jusqu’à n’avoir plus que le silence à écouter.