Les indépendants face à la pandémie
Dans le domaine de la culture, au sens large, le couvre-feu puis le confinement ont compromis bon nombre de spectacles et de publications. Jusqu’à poser la question de la pérennité de certains lieux de diffusion, de quelques structures indépendantes et de projets artistiques. Dans les grandes villes, au ralenti, nous interrogeons musiciens, acteurs des sphères indés et autres pour prendre le pouls de la cité. Malgré le marasme, l’espoir demeure et des initiatives se font jour… qu’il est urgent de soutenir.
Paris
Djavid Rawat, bar Le Motel et Motel Services
Quelle était votre situation avant la crise ?
Le Motel se portait bien, on a fait une bonne année 2019. Du haut de nos douze ans d’existence, on a bien réussi à se renouveler, à proposer des nouvelles choses au niveau de la carte, de la prog… Côté événementiel avec Motel Services, notre agence qui gère des bars de festival, on a fait notre plus belle année depuis qu’on s’est lancés en 2011, avec des événements qui sont maintenant devenus comme des rendez-vous pour nous (Printemps de Bourges, Rock en Scène, Pitchfork…) mais aussi avec de super nouveaux projets (la Route du Rock, les Escales de Saint-Nazaire…). Sans parler de toutes les nouvelles sollicitations qui auraient dû amener à une nouvelle très belle année 2020… En parallèle, les activités de M-System, notre petit incubateur de logiciels maison (caisse, outil de planning, cashless, etc), ont continué à progresser à toute vitesse.
Vous l’aurez compris, tout allait pour le mieux jusqu’en mars de cette année.
Quelle est votre situation actuelle, et celle de l’ensemble des acteurs de la musique indépendante
à Paris ?
Elle est évidemment mauvaise. Le bar Le Motel a été plus souvent fermé qu’ouvert. Mis à part les Inouïs du Printemps de Bourges, tous les événements sur lesquels Motel Services étaient engagés ont été annulés, et quant à M-System, nos activités logiciels s’adressant en grande partie aux cafés, hôtels et restaurants (CHR) et à l’événementiel, c’est à peine mieux. On essaye de ne rater aucune aide de l’État mais la trésorerie fond malgré tout rapidement. Au-delà de l’année blanche qui se profile, l’absence de visibilité sur la reprise est assez anxiogène.
Avez-vous quand même des motifs d’espoir ?
On se dit que quand ça va repartir, les gens vont être comme des fous, que les bars seront remplis et les festivals sold out !
Comment peut-on vous soutenir ?
Vous pouvez acheter toutes nos productions annexes sur la boutique en ligne du Motel (casquettes, T-shirts, livres, la compile des 10 ans du bar). On vient d’ailleurs de sortir “La Faim des haricots”, le troisième ouvrage des Editions du Motel. C’est un recueil de recettes collectées pendant le premier confinement. Une bonne idée de cadeau de Noël, surtout que les bénéfices sont reversés à l’association La Chorba, qui lutte contre le gaspillage alimentaire. On est aussi entrain de mettre en place une jolie carte qui vous permet de précharger du crédit sur en compte que vous pourrez dépenser à la réouverture.
Continuez-vous à travailler sur des projets en attendant une situation plus propice ?
On a plein de projets ! On a réfléchi à la façon de se rendre utile pour aider les copains et tous les commerçants qui comme nous s’étaient retrouvés avec leur commerce fermé. On a fait évoluer notre outil de click & collect qu’on avait développé pour la boutique du Motel pour le rendre accessible gratuitement à tous les commerçants indépendants. Ça nous prend un peu de temps mais on est bien contents de pouvoir aider les confrères. On travaille aussi sur un projet de sessions musicales tournées au Motel, mais il est encore un peu tôt pour en parler. A suivre donc !
A lire et écouter : une playlist concoctée par Djavid et Thomas Deck (des bières Deck & Donahue) l’an dernier pour les 12 ans du bar.
A lire : une interview de Djavid publiée en 2018.
Photos : Tali Cohen.