Loading...
Disques

Stanley Brinks – Plastic Kettle

Stanley fait bouillir la marmite avec son album annuel très ensoleillé et des sonorités qui renouent avec l’ambiance fin de règne glorieux et amoureux de l’ex-duo Herman Düne.

Les dernières livraisons de Stanley Brinks avec (« Tequila Island ») ou sans Wave Pictures semblent légèrement renouer avec un son qu’on avait perdu avec la fin d’Herman Düne. Ce son de guitare à la fois clair, léger et brouillon qui nous semblait irrémédiablement évanoui. Ce son période « Mas cambios », « Mash Metal Concrete Mushroom », détendu et concentré, qui nous rendait, alors, totalement fou. Ainsi on retrouve toute la lumière de Mas Cambios ou de « Not on Top » sur les titres « Plastic Kettle » ou « Where Is the Lighter? » même si l’horizon est plus méditerranéen qu’américain (« I guess I must be in Greece »)… Dans « You With Another Man », les cuivres graves et les flûtes aiguës voisinent avec un solo salopage, le tout sur un joyeux bordel à la « Mas Cambios ». Sur « Without Love », “I got a clean shirt… and time to spare”, la guitare nous rappelle des Luau parties de sorties d’album dans des boîtes gay, qui nous avaient permis de vivre les paroles de la chanson de Jonathan Richman « I was dancing in a lesbian bar ». Et de faire « Ahou ! Ahou ! » comme Jonathan sur les chansons d’un Purple Organ à cape en oreilles géantes de Jar Jar Binks. David Ivar piquait la place de DJ Chloé et mixait The Dixie Cups et LCD Soundsystem… Toute une époque, révolue, dont on a longtemps gardé comme souvenir un collier hawaïen en papier crépon qui trainait sur une table en fin de soirée.

Sur « Good Boy », on retrouve, enfin !, des éclats de guitares électriques bienvenus. C’est pas encore le duo d’HD mais on s’en rapproche, tout comme sur « I Will Love You » , madeleine totale avec le bottle neck. Oubliera-t-on jamais la bouteille de bière, véritable bottleneck pendant le concert de Julie Doiron à Mains d’œuvres, qui allait avec les percussions de bracelets et qui faisait tant rire Julie ? Autant d’images de voyages en bagnole en été pour aller entendre les frères Düne sur les routes de France, la fenêtre ouverte, l’autoradio-cassette brûlant à décoller les étiquettes.
Sur « Zombie », Stanley fait d’amusants trémolos. « She Cracks Me Up », un beau blues rock qui nous rappelle « Eleven Stones », hymne amoureux éternel, dérive de manière assez surprenante en yodel mais le gros morceau de l’album, celui que l’on préfère, c’est « Jesus ».
David Ivar, en son temps, s’était déjà un peu moqué du très Saint Fils sacrifié de Dieu-le-Père, dans « This Will Never Happen », (« not even praying to the son of Man, as they say »). Stanley, toujours sur une piste de velours, en fait un héros grec (forcément…) qui ressemble autant au protagoniste des quatre évangiles qu’au picolo barbu, entouré de ses pas très saintes jeunes femmes à Berlin. Pour un peu, c’est l’écriture du frangin qu’on retrouve dans ce titre aux faux airs de « Monkey Songs », avec un chœur branque bien fourni.

And I wished he’d lived
To be a hundred instead
With
So many kids
He wouldn’t know their names
With
Hair in his ears
And
None on his head
And
The same old blood in
His veins

Dans les nouveautés, il y en a toujours l’enrichissement musical progressif de Zombie avec ce je ne sais quoi de cubain dans le piano (d’Erlend Aasland) qui nous fait chalouper et chavirer. C’est torride.

Et comme toujours, ce blues lumineux et ralenti de fin d’album, avec de chouettes et rares coups de percus basses de Clémence (c’est peut-être ce qui nous manque le plus, les toms basses de Neman. De Kate Bush à Antilles en passant par HD, c’est toujours un pari gagnant). « Winner of the Night » (avec Andreas Karlsen) est le coucher de soleil attendu, ode éternelle à la lose. Stanley reste notre éternel empereur de la poésie déglinguée des aurores aux doigts gourds trempés dans le rosé.

Avec l’aide de Johanna D., Zombie Zombie.

Plastic Kettle
Where Is the Lighter
You and Me
You With Another Man
You Moved to the City
Jesus
I Will Love You
Good Boy
Without Love
Zombie
She Cracks Me
Winner of the Night

“Plastic Kettle” est sorti le 20 mars 2020 chez Radbab Records. On peut commander un CD gravé avec les textes en écrivant à freschard chez gmail.com.

2 comments
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *