A l’heure où Jarvis Cocker signe un retour inspiré sous le nom de JARV IS… grande est la tentation de nous pencher sur l’imposante discographie de Pulp. Si loin, si proche, sans véritable descendance, le groupe né dans les années 80 aura marqué les années 90 comme nul autre, à la fois visionnaire et volontairement hors des modes, avant que les projets en solo de son leader lors de la dernière décennie en particulier, son hiériatisme musical comme sa présence médiatique, nous fassent quelque peu oublier combien il nous a été précieux.
Nous rappelons ci-dessous quelques dates clés de son parcours, accompagnées d’une liste de treize titres essentiels au sein de Pulp – quelques-uns très connus dont “Common People”, d’autres plus confidentiels –, avant de nous intéresser dans une autre chronique à “Beyond the Pale”, ce nouvel album éclectique et souvent brillant que le natif de Sheffield nous offre en cet été 2020 si particulier.
Il faut d’abord rappeler la force expressive et la beauté de ses premiers disques, et cette traversée des années 80 dans un quasi-anonymat, dont le chanteur et son groupe auraient pu, comme tant d’autres, ne pas réchapper. De la candeur de “It” publié en 1983 aux beautés malades de “Freaks” sorti trois ans plus tard – “They Suffocate at Night” comme titre-manifeste –, il y aurait beaucoup à dire. Longtemps, Jarvis lui-même a pensé s’être trompé d’époque et s’est vu en perdant magnifique, tout droit sorti des seventies. Des échos du glam rock aux envolées de Scott Walker, son songwriting bien éloigné des standards synthétiques et new wave de son temps l’a ainsi longtemps condamné à la confidentialité ou, pire, à l’indifférence.
Et puis tout commença à changer grâce à “My Legendary Girlfriend”, single ébouriffant au crescendo inoubliable, publié en 1991, souvent diffusé par Bernard Lenoir malgré sa longueur hors norme. Après avoir connu un succès d’estime en France, l’album “Separations”, que l’on tient comme l’un des plus beaux disques de la décennie, ne sortira en Grande-Bretagne que l’année suivante. Soit à contretemps, car l’outsider malchanceux d’hier est alors en passe de devenir l’un des groupes étalons de l’époque.
Une signature chez Island va enfin permettre à Jarvis de connaître le succès public derrière lequel il court depuis si longtemps, dont il saura profiter mais aussi percevoir le caractère illusoire : deux albums aux ventes sans commune mesure avec les précédents (“His’N’Hers”, puis surtout “Different Class”), un tube incontestable (“Common People”, 1995), les grandes scènes des festivals britanniques… Jusqu’ici à contre-courant, Pulp se retrouve associé à la vague Britpop et à la Cool Britannia, ce qui le sert sans doute mais s’avère bien réducteur eu égard à la complexité de sa musique, entre climats discoïdes et montées orchestrales. Surtout, son écriture reste toujours aussi impressionnante malgré les années, tout comme son humour, sa morgue et sa présence scénique incomparables.
Aujourd’hui encore, le choc de l’interprétation de certains des plus beaux morceaux de Pulp reste intact : cet équilibre aussi ténu que miraculeux, où Jarvis, comme nul autre, se fait passeur d’intimités. Il suffit de réécouter “This is Hardcore” – peut-être son plus grand titre, donnant son nom à un album en forme de vertigineuse gueule de bois – pour s’en convaincre à nouveau. Comme aucune autre, sa musique se pare d’infinis reflets et donne à voir le spectacle d’une vie réinventée, mélancolique et brillante à la fois. Sous les paillettes en Cinemascope, la noirceur comme le désir maintes fois renouvelé d’un présent perpétuel. Then that goes in there / And then it’s over / What a hell of a show / But what I want to know.
#Nuage de groupes et artistes : Scott Walker, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Leonard Cohen, John Barry, Barry White, The Human League, Tindersticks, Blur, Richard Hawley, The Long Blondes, Relaxed Muscle…
Blue Girls (1)
Wishful Thinking (1)
Little Girl (With Blue Eyes) (2)
The Mark of the Devil (2)
97 Lovers (2)
I Want You (3)
My Legendary Girlfriend (4)
Countdown (4)
Babies (live) (5)
Mis-Shapes (6)
Common People (6)
This is Hardcore (7)
I Love Life (8)
(1) Album “It” (1983).
(2) Compilation de EP “Masters of the Universe – Pulp on Fire 1985-1986”.
(3) Album “Freaks” (1987).
(4) Album “Separations” (1992), également sortis en single.
(5) Album “Party Clowns – Live in London 1991”. Sorti en single en 1992, figure également sur l’album “His ‘n’ Hers” (1994).
(6) Album “Different Class” (1995).
(7) Album “This is Hardcore” (1997).
(8) Album “We Love Life” (2001).
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