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Disques

Ron Sexsmith – Hermitage

Définition même de la régularité, Ron Sexsmith nous livre son quinzième album en une petite trentaine d’années. Avec ses mélodies bien troussées, ses arrangements simples et efficaces, “Hermitage” parvient à atteindre son but : nous enchanter. Comme d’habitude.

Selon les époques et les humeurs, nous avions prêté une oreille tantôt distraite, tantôt très attentive aux albums du canadien Ron Sexsmith. Très attentive en début de carrière avec une poignée d’albums proches de la perfection entre 1995 et 2004, notamment l’indispensable “Retriever”. Puis plus distraite, comme quoi, on s’habitue à tout, même à la beauté. Car au fond, sur la quinzaine d’albums de l’artiste, pas grand-chose à jeter.

Et puis, à la faveur d’un déconfinement tant attendu et d’une hausse des températures, l’envie nous est venue de nous pencher plus attentivement sur cet “Hermitage”, les pieds nus à la fenêtre ou, pour les plus chanceux, dans l’herbe fraîche du jardin. C’est d’ailleurs dans son jardin que nous invite Ron Sexsmith.

Tout d’abord avec l’improbable pochette de l’album : l’artiste joufflu y pose avec des lunettes de soleil, ganté de noir, la tondeuse à bout de bras et (surtout) avec un gigantesque boa rose du meilleur goût, qui n’est pas sans rappeler Elton John (cité dans les remerciements) dans les années 70s.

Puis dans ses chansons. L’artiste réussit son “Blackbird” avec l’introductif “Spring of the Following Year” introduit par des gazouillis d’oiseaux. Pas de doute, nous sommes loin de la ville. Car Ron Sexsmith a déménagé, a quitté la grande Toronto pour la plus paisible Stratford. Nouvelle vie donc, mais nous sommes pourtant ici en jardin connu. La “patte” Ron Sexsmith est bien là : une voix douce, reconnaissable entre mille, parfois à la limite mais toujours terriblement juste. Très agréable à chanter sous la douche, mais gare aux canards ! La première moitié de l’album enchaîne les tubes potentiels. Ron Sexsmith nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent d’écriture, entre la visite de son “Chateau Mermaid” et les deux sommets  mélodiques qui suivent, “Lo and Behold” et “Glow in the Dark Stars”.

Même une virée rocambolesque dans les vignobles qui part en sucette à cause de l’abus de boisson devient un prétexte pour une petite pépite de chanson (“Winery Blues”). Chaque titre se déguste comme un petit bonbon ou une pastille jamais trop sucrée. Et l’on jurerait entendre un inédit des Fab Four signé Paul McCartney sur “Is It or Isn’t It”.

Si la fin de l’album est un chouia plus mélancolique, “Hermitage” reste un feelgood album. Ron Sexsmith est heureux, et c’est tout simplement contagieux.

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