Si Sarah Amsellem n’en est pas à son coup d’essai, “Sésame”, réalisé dans son home studio pendant le confinement, est son premier disque entièrement chanté en français. Un quatre titres, parenthèse entre deux formats longs, publié quelques mois à peine après le bien nommé “Miracles”, précédent disque à la production riche et aux accents trip hop, qui contenait déjà quelques morceaux mémorables
Hors du temps, “Sesame” possède un charme tout particulier. L’introduction du “Chant de l’aube” suffit pour nous emporter, avec ses airs de comptine éternelle et sa basse en majesté. Chez Sarah Amsellem, l’impudeur se fait retenue et voisine toujours avec des rêves d’ailleurs. Entre jour et nuit, volontairement cyclique, “Sésame” capte aussi comme une impression de l’époque : ce repli sur soi rendu nécessaire en ces temps troublés, pour que puisse à nouvel surgir l’essentiel de nos vies. L’amour et ses espoirs, et puis ce sentiment d’abandon, jamais loin. Toutes sortes d’impressions fugitives, parfois espiègles, qui révèlent ici une vraie singularité d’écriture, toute en suggestion.
Ce quatre titres aurait pu être produit à une toute autre époque que celles que nous traversons. Cinématographique, l’univers de Sarah Amsellem rappelle ainsi quelques trésors bien gardés de la chanson hexagonale des 60’s, qui accompagnèrent jadis la Nouvelle Vague, en particulier ce “Vol de Nuit”, que l’on imagine volontiers accompagner quelques plans en noir et blanc, et les premières héroïnes de François Truffaut ou d’Agnès Varda.
Nul hasard si une douce mélancolie parcourt ce quatre titres précieux, qui ne force jamais le trait. Le minimalisme ici présent fait la part belle à la voix de la chanteuse. Un souffle de vie, là où la simplicité des mots dit avec une évidence jamais démentie l’état transitoire de nos sentiments. Comme un éternel recommencement. Sésame : des portes à ouvrir, vers le ciel et les étoiles.