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Disques

Darren Hayman – 12 Astronauts

12 astronautes, 12 vignettes, 12 chansons. La conquête spatiale selon Darren Hayman, en grand maître de la petite forme.

On ne prend pas assez souvent de nouvelles de Darren Hayman, front man d’Hefner, trop souvent réduit à l’auteur du mythique album Breaking God’s Heart.

On avait sans doute écouté trop distraitement les récents albums dans lesquels Darren arpentait des Pram Towns anglaises et on a préféré réemprunter nos chemins bien balisés des album d’Hefner à The French, son projet électro.

Cela dit, comment a-t-on pu laisser passer ce 12 Astronauts, paru en 2019 pour l’anniversaire de la mission Apollo ? Darren porte ce projet en lui depuis longtemps, témoins le titre « Alan Bean », l’astronaute peintre, sur Dead Media et l’album live, Madrid, en compagnie des Wave Pictures qui rassemblait déjà trois chansons sur les astronautes amerloques.

On retrouve toute la faconde de Darren Hayman au service des petites choses. C’est son champ d’investigation depuis des années. On s’étonnera au passage du peu de reconnaissance dont bénéficie Darren Hayman hors de son pré carré anglais et de l’îlot espagnol.
Darren Hayman s’attaque au mythe NASA en bon fan de Star Wars, de L’Étoffe des héros (“Don’t Clip My Wings”, hommage à Alan Sheppard) et d’Apollo 13. C’est donc la tête tournée vers les étoiles que Hayman s’intéresse aux petites histoires, aux à-côtés de la mythologie spatiale perfusée aux médias de masse. S’il parle de Neil Armstrong, c’est sur son mutisme post-Apollo, son SAV limité et son désir d’anonymat. S’il parle de Buzz Aldrin, c’est en insistant sur son côté leftover qui le poursuivra toute sa vie :

“No sea of tranquility
For me”

Pour Harrison Schmitt, c’est la passion pour la géologie et non l’incarnation d’un destin héroïque américain qui motive son voyage lunaire.

Depuis quelques années, Hayman illustre ses pochettes de ses dessins et aquarelles. Ici une version de luxe existe avec vignettes. Hayman fait de ses chansons des miniatures, reflet de tout son talent pour les chansonnettes, les changements d’ambiances, du folk à l’électro, voire le design sonore (sur “Spaceman no more”) : toute l’histoire musicale d’Hayman est là.
Sur “Timber Cove”, il se paie même le luxe de tripoter du “Observatory Crest”, notez l’humour (toujours gagnant, de The Married Monk à Lispector).

Il conclut sur une de ses chansons les plus émouvantes, laissant à Gene Cernan, le dernier homme à avoir foulé le sol de la lune, le soin d’énumérer tous les objets laissés sur le satellite naturel dans “Things We Left Behind”. Ce catalogue à la Perec, ou à la Dumez, est l’occasion de penser à ce que nous laisserons derrière nous. Darren, maître du petit, replace l’histoire de l’humanité dans l’univers pour ce qu’elle est : une crotte de mouche éphémère mais consciente. Et c’est là qu’il est grand, comme dirait l’ami Pascal.

Avec l’aide de Johanna D, Mrs Bean.

Spaceman No More (Neil Armstrong)
Low Orbit (Buzz Aldrin)
Timber Cove (Pete Conrad)
Alan Bean (Alan Bean)
Don’t Clip My Wings (Alan Sheppard)
Hard Disk in the Sky (Edgar Mitchell)
Major Sunday (David Scott)
Genesis Rock (James Irwin)
100% Oxygen (John Young)
Duke’s Dream (Charles Duke)
It’s Geology (Harrison Schmitt)
Things We Left Behind (Gene Cernan)

“12 Astronauts” est sorti le 16 août 2019 sur Where It’s At Is Where You Are.

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