On nous annonce une sortie imminente (2020) d’un nouvel album d’1=0 : « Secte ». Pour l’occasion, Ali Veejay sort une sorte de solde de tout compte et gratifie ses fans de la première heure avec ce « Unegalzero », sortie numérique du Ep inaugural de 2004, en version lourde et écoutable ici.
Si on connaît déjà tous les titres – et quels tubes ! – par cœur : « Atcha », « Sergei », « Hexe », « Paysan », « James », on replonge maintenant dans un son plus épais, plus acre aussi, loin des versions DIY auxquelles on s’était habituées. On redécouvre, c’est vrai, toute la magie de ce qui était, un temps, duo voix/guitares-samplers. Avec la guitare épique de Sylvain DB, vraiment sale, tout en volumes, échos, grésils, réverb’, charbonnages sonores, production d’espaces et de textures. Les leçons de Lou Reed et de Neil Young, avec l’expérience et les envies d’ailleurs des écuries Touch & Go, Dischord, en somme.
Cette redécouverte serait déjà en elle-même amplement suffisante mais elle est accompagnée, en plus, d’inédits de la même période : inouïs. Cela commence par une petite vignette hachurée, triturée (« Folle », dingue !, à peine 30 secondes), matrice qui se développe sur d’autres brûlots beaucoup plus heavy, voire post blues. « Switch », « Slender One », « Work With your lads » jouent dangereusement sur les voix, dans une atmosphère Shellacienne d’excellent aloi avec des bégaiements deleuziens pop sur des sonorités post punk à la Slint. Le tout accompagné de stridences de flûte à bec. Bien sûr.
On ne reviendra pas sur les textes coups de poings américains dans la gueule d’Ali Veejay, toujours aussi pertinents et percutants, près de quinze ans après, mais il est vrai qu’une production aussi tranchante et brûlante que celle-ci les rend encore plus puissants.
C’est Le Temps Retrouvé dans ta face. En 2020, on sera tous des s(p)ectateurs.