JL Prades, talentueux musicien, sort ces jours-ci son nouvel album, “Soleil”, nouvelle version de “Soleil de Tokyo” (disque que nous avions chroniqué en son temps, mais qui n’était en fait pas sorti commercialement).
Depuis le fond de sa musique, je devine qu’il aurait sans doute voulu nous écrire ce petit mot :
« Cher vous,
Je vous écris d’ici. Où le soleil brille. Je vous écris pour vous dire ces projets non aboutis. Je vous écris le regard porté sur l’horizon sans ligne. Cher vous, je vous écris porté par le silence, ou par des notes bien choisies. Je vous écris en accords aérés avec moi-même, pour évoquer ces clés, restées sur la porte, ou ces mômes s’ébrouant dans les cours de récré. Cher vous, je vous écris pour combler les manques, les absences, la rage au ventre et l’envie de continuer. Je vous écris pour vous décrire mes zébrures électriques, vous offrir les rayons de soleil à travers les nuages. Je vous écris en silence, entre deux souffles, deux respirations, pour vous livrer le quotidien mélancolique et douceâtre, comme une peinture urbaine délicate et fragile.
Je vous écris pour avancer, pour vous donner de mes nouvelles, comme un soldat dans une tranchée, comme un enfant en colonie, comme un souvenir perdu au loin qui vous revient en mémoire. Cher vous, je vous écris dans la chaleur d’un coucher de soleil, devant lequel j’égrène mes accords de guitares, enveloppés dans mes arrangements délicats. Des corps enroulés dans la soie, des draps de Satie, des doigts de velours, pour broder les motifs sublimes qui portent mes mots simples et touchants. Cher vous, je vous livre mes vignettes lumineuses emplies de générosité et de simplicité, comme je suis, comme je ressens la musique, à fleur de peau.
Je vous écris avec l’énergie d’une bouteille à la mer. Qu’elle puisse atteindre votre cœur car la vie et la musique sont intimement liées, dans mes notes et mes mots. Cher vous, je vous écris en toute humilité, avec une énergie démesurée, pour faire que chacun de nous existe, au-delà de ceux qui nous ignorent, plus simplement parce que mon art est existence, proche de l’âme de chacun, proche de l’humanité la plus pure et la plus généreuse. Je garde au fond de moi la synthèse de toutes ces musiques qui ont bercé mon parcours, pour tenter de vous en livrer une parcelle.
Cher vous, je vous écris pour vous offrir un rayon de soleil. A chacun d’entre vous de laisser le chemin ouvert, qu’il puisse atteindre votre propre humanité. »