Le hasard fait parfois bien les choses quand on se surprend à écouter en boucle le disque d’un artiste que l’on vient tout juste de découvrir. C’est le cas de Miles Oliver – un troisième album au compteur depuis le 9 novembre – qui a fait tomber nos défenses en un rien de temps. Difficile de résister aux arpèges d’inspiration folk de « Color Me » et les guitares saturées, un rien shoegaze, de « Saturdaze » dont les compositions minimalistes et fragmentées ressemblent à une magnifique évocation d’une americana sombres et poignantes qui mériterait d’envahir toutes les caves de cette année 2018.
Sur un peu moins d’une demi-heure, Miles Oliver écrit une poignée de morceaux à partir de peu de choses, de cordes pincées, de quelques accords de guitare électrique, tantôt claire, tantôt distordues et parfois d’une poignée de notes de synthétiseurs pour apporter une juste mélancolie à cette musique folk, tendue et fantomatique. Par chance, on a pu voir Miles Oliver interpréter certains de ses titres seul sur scène, et s’en sortir avec les honneurs en ouvrant la soirée pour le récent concert de Scout Niblett au Petit Bain. L’énergie et l’émotion étaient là, jusqu’à nous entourer de distorsions bourdonnantes, comme sur les dernières notes de ce « Black Fence » gavé de delay.
On pourra toujours dire que les échos familiers de « Color Me » évoquent autant quelques vieux noms (Troy Van Balthazar en beaucoup plus décharné, King Dude en beaucoup, beaucoup moins dark) qu’une volonté un peu folle d’apporter modestement une pierre à cette immense édifice qu’est le songwriting folk et rock. Il n’empêche, ce troisième disque de Miles Oliver a de quoi nous affuter les oreilles et on y retournera sûrement alors que la fatigue s’abattra sur nous. Si on le revoit sur scène, cette fois on essayera de vaincre sa timidité pour lui serrer la main en fin de la soirée.